L’importance de l’énergie dans le développement économique et social d’un pays, ainsi que son rôle dans le bien-être de sa population n’est plus à démontrer. L’énergie est aussi un facteur stratégique en matière de sécurité, autant voire plus que la « sécurité alimentaire » ! Depuis la découverte du pétrole et du gaz dans le champ géant d’El Borma en 1964, suivie de celle du semi-géant Ashtart dans le Golfe de Gabès en 1973, la Tunisie a vécu quelques décennies de développement et de croissance continues et disposait d’un excédent de pétrole et de gaz ‘confortable’, qui a longtemps constitué la première source de rentrée de devises pour le pays, et ce, malgré une consommation sans cesse en augmentation.
Malheureusement, depuis l’année 2000, en l’absence de découvertes majeures, la Tunisie avait entamé son entrée dans le 21e siècle avec un déficit énergétique qui n’a cessé de se creuser depuis, avec un impact de plus en plus lourd sur l’économie et les finances de l’Etat (importations en devises, Caisse de compensation), ainsi que sur les divers secteurs de l’économie (industrie, agriculture, transport), sans compter l’érosion du pouvoir d’achat des Tunisiens (augmentations successives du prix des carburants, de l’électricité et du gaz) !
Ce déficit a atteint 2,5 MTep (Million de Tonnes équivalent Pétrole) en 2013, soit l’équivalent de 17.5 Mbep (Millions de barils équivalent pétrole). D’après une étude économique récente, réalisée par ‘Oxford Economics’, et en tenant compte de l’augmentation de la consommation, des projets de développement du pétrole et du gaz conventionnels, ainsi que des découvertes potentielles, ce déficit devrait baisser légèrement jusqu’en 2016, se stabiliser jusqu’en 2020, puis se creuser sensiblement pour atteindre environ 100 Mbep en 2040 (et peut-être 200 Mbep en 2060) ! A 100$ le baril, le déficit en 2040 avoisinerait les 10 milliards de dollars, une somme colossale, qui représente 14% du PIB (produit Intérieur brut) en 2012!
Que propose-t-on pour remédier à cette situation ? L’énergie ne constitue-t-elle pas un enjeu majeur pour l’avenir de notre pays ? Les précédents gouvernements, provisoires, par décision de l’ANC évitaient de prendre des initiatives qui engagent le pays à moyen et long termes et ceux, téméraires, qui osaient parler du « gaz et du pétrole de schiste », en complément des « énergies renouvelables », comme étant une solution plausible et possible pour s’en sortir, rencontraient des réticences, voire une réaction « agressive » de la part de certains membres de l’ANC et de certaines ONG ! Presque tous les partis en course pour les prochaines élections se contentent d’invoquer le développement des énergies renouvelables qui passerait de 7% actuellement (part dans la production d’électricité), à 30% en 2035, comme si c’était la panacée et la solution miracle. On ne peut qu’encourager cette option, mais ce que ne disent pas nos futurs élus c’est que :
1. L’objectif des 30% de part des énergies renouvelables ne représenterait qu’environ 12% seulement de part dans le mix énergétique total. Comment satisfaire le reste de la demande d’énergie ?
2. Cette énergie est encore chère, plus chère que celle du gaz ou du pétrole, même si la ‘matière première’ est gratuite (soleil, vent), et qu’un effort financier supplémentaire devrait être consenti, soit par l’Etat (Caisse de compensation), soit par le consommateur, comme c’est le cas en Allemagne ou au Danemark.
3. Dans le cas où de nouvelles réserves de gaz ou de pétrole, conventionnelles ou non conventionnelles, ne seraient pas découvertes, il sera procédé, dès 2021-2022, à l’importation de charbon, moins cher que les hydrocarbures… ! Est-ce la solution ? Ceci ne serait-il pas dramatique, non seulement pour la balance commerciale, mais aussi et surtout pour l’environnement, alors qu’on a très probablement sous nos pieds des richesses en gaz et pétrole (de schiste), estimables, et encore non estimées ?!
Alors que proposent donc nos futurs élus et nos candidats aux élections présidentielles et pourquoi n’en parlent-ils pas ou très peu ? Pour éviter les questions qui fâchent et surtout celles qui ne font pas élire, on remet tout à plus tard ! On peut les rassurer en leur disant que les élections récentes en Bulgarie, pays européen les plus opposé au gaz de schiste, ont abouti à une défaite cuisante du gouvernement « anti-gaz de schiste » !
Terminons en paraphrasant Sir Winston Churchill qui disait « les leaders agissent, les autres attendent pour voir ! » Où sont donc nos leaders ? Le citoyen tunisien a besoin de savoir quelle « sauce d’énergie » nos futurs élus nous prépareront pour les 5 années à venir…