Depuis la révolution, le secteur textile-habillement en Tunisie affiche une faible valeur ajoutée, et ce, en raison de l’augmentation du coût des matières premières, des mouvements sociaux, des demandes excessives, outre la carence en termes de performance de l’action administrative et des services logistiques.
Par ailleurs, durant les cinq dernières années, le secteur a enregistré la fermeture de 300 entreprises et la perte de 40 mille postes d’emploi. Au titre de l’année 2015, le chiffre d’affaires à l’export a enregistré une baisse de 7%. Idem pour le chiffre d’affaires local qui a reculé de 30%; ce qui a probablement engendré une perte de plus de dix mille emplois supplémentaires, selon les dernières statistiques de la Fédération nationale du textile ( FENATEX ) relevant de l’UTICA.
A cet égard, la FENATEX lance un cri d’alarme, vu que le secteur est passé de premier employeur de la Tunisie et premier exportateur des industries manufacturières à un secteur en difficulté, de plus en plus sinistré, ne représentant plus qu’une part de marché limitée, sans oublier la prolifération des franchises et des marques étrangères qui s’implantent sur le marché tunisien.
Plusieurs facteurs sont à l’origine de la détérioration du secteur, notamment de la fermeture des entreprises.
Au niveau du marché local, de part la conjoncture économique nationale, il s’agit, en premier lieu, du climat social. Les arrêts de travail répétés à cause des grèves et des sit-in ont touché lourdement l’activité des entreprises, car elles sont appelées à livrer leurs commandes dans des délais impartis; sachant que le taux d’absentéisme a été de l’ordre de 15 à 30%. De ce fait, certains donneurs d’ordre ont diminué leurs demandes, notamment, pour les PME travaillant en sous-traitance.
D’autre part, certaines PME ont des problèmes de financement et souffrent de l’absence d’un fond de roulement au niveau des banques pour qu’elles puissent effectuer les paiements courants.
De même, malgré l’évolution du secteur vers de nouvelles niches d’activité, le Centre technique du textile ( CETTEX ) a affirmé que la confection demeure l’activité principale pour la plupart des entreprises tunisiennes. La migration vers d’autres activités à plus forte valeur ajoutée reste limitée vu qu’une minorité des entreprises a opté pour le passage de la sous-traitance à la co-traitance et au produit fini. Un tel passage leurs a permis de s’ouvrir sur de nouvelles activités innovantes et de s’attaquer à de nouveaux marchés.
Au niveau du marché extérieur, le démantèlement de l’Accord multifibres de l’OMC sur les textiles et les vêtements le 1er janvier 2005, figure parmi les principaux facteurs, parce qu’il a permis l’arrivée massive de textiles chinois sur le marché mondial, ce qui a bouleversé les économies des pays en développement.
Stratégie de relance
Pour redynamiser le secteur, protéger les postes d’emploi existants et booster la création de nouvelles entreprises industrielles et des dizaines de milliers d’emplois, le ministère de l’Industrie a opté pour autant de mécanismes. Pour la période 2015-2016, cinquante entreprises vont faire l’objet d’un diagnostic avant de passer à leur mise à niveau.
Un autre avantage qui mérite d’être cité est l’exonération des droits de douane pour les intrants importés qui n’ont pas leur similaire fabriqué localement.
En effet, pour protéger le marché local de la contrefaçon, un laboratoire de contrôle a été créé pour effectuer des contrôles systématiques sur certains articles textiles susceptibles de porter atteinte à la santé. D’ailleurs, un décret promulgué le 11 janvier 2016 stipule la création d’une commission nationale et des commissions régionales chargées du contrôle, pour faire face aux produits qui entrent sur le marché local par la contrebande, dans tous les gouvernorats et stimuler la création de nouvelles entreprises.
Dans le même sillage, le ministère a élaboré un plan de développement du secteur textile – habillement en collaboration avec toutes les parties prenantes, notamment les professionnels. Dans ce cadre, une étude a été menée concernant les aspects du secteur, à savoir l’accroissement des exportations, la consolidation de la place de la Tunisie sur le marché international, la diversification des marchés en s’orientant vers l’Amérique, les pays nordiques et l’Algérie, le développement des investissements en assurant la promotion du site tunisien en tant que site d’investissement dans le secteur… Ce plan sera intégré dans la stratégie de l’Etat pour le plan 2016-2020.
S’agissant des règles d’origine, le ministère a entamé les négociations avec l’Union européenne, partenaire stratégique de la Tunisie, afin de simplifier ces règles, dans le but de garantir la facilité d’exporter.
Dans le même ordre d’idées, un Centre de ressources technologiques sera créé à Monastir, ayant pour mission la veille et l’assistance des industriels et visant à améliorer leur valeur ajoutée.
Toutefois, la loi de finances 2016 a prévu une ligne de financement pour permettre aux entreprises en difficultés de poursuivre leurs activités. En outre, une circulaire de la Banque centrale de Tunisie ( BCT ) stipule la possibilité d’un rééchelonnement des dettes de ces entreprises et une augmentation de capital.
Textile-Habillement en chiffres
Durant la période qui s’étale de 2011 à 2015, le nombre des entreprises créées a été de l’ordre de 506, générant environ 40 mille postes d’emploi, portant le nombre total des entreprises à 1.769 et près de 175.508 personnes employées, selon les dernières statistiques du ministère de l’Industrie.
Ces entreprises sont réparties entre 95 unités de textile, dont 45 totalement exportatrices ; 1.350 unités de confection, dont 1.209 totalement exportatrices ; et 324 entreprises opérant dans d’autres activités, dont 230 totalement exportatrices.
Les entreprises à participation étrangère sont au nombre de 757, dont 505 à capitaux 100% étrangers.
S’agissant de la part du secteur dans les investissements de mise à niveau, elle a atteint 40%. En outre, 43% des exportations du secteur ont été assurés par les cinquante premières entreprises exportatrices au cours de 2014. La valeur des exportations en 2015 a été de 4.983 MDT, soit une baisse de 7.53% par rapport à l’année précédente, contre 4.729 MDT en 2009.