Consulter la société civile sur les orientations générales de l’Etat relatives à l’Aleca est une première dans l’histoire de la Tunisie, a déclaré Kamel Jendoubi, ministre chargé des Relations avec les Instances constitutionnelles, la Société civile et les Organisations des Droits de l’Homme, lors de sa Rencontre avec la société civile autour du démarrage des négociations sur l’ALECA (Accord de Libre-Echange Complet et Approfondi) entre la Tunisie et l’Union européenne ».
Dans le même contexte, le ministre a indiqué qu’il est confiant quant à la contribution positive de la société civile aux négociations qui viennent de démarrer.Le ministre a indiqué que les compétences de l’Etat et celles de la société civile doivent assumer leur rôle, chacun de son côté. : » Nous avons adopté cette démarche pour défendre la Tunisie démocrate, car la Tunisie du despotisme n’a pas daigné faire appel à la société civile, bien au contraire elle luttait contre elle », rappelle-t-il. Et d’ajouter que la Tunisie démocratique se base sur un consensus avec la société civile et que la porte demeure ouverte pour toutes les organisations ou personnes ayant des propositions ou des études sur la question.
Le ministre a expliqué que la vision du gouvernement pour les négociations sur l’Aleca repose sur la consultation de la société civile et sur les études. « Sans étude, toute démarche serait vaine», affirme-t-il. « C’est ce que nous devons faire comprendre aux partenaires européens parce que nous menons des négociations et que dans chaque négociation chacun défend ses intérêts ». Par ailleurs, le ministre a indiqué qu’il n’est pas possible de prédire la durée de ces négociations.
L’économiste Sami Aouadi a, pour sa part, considéré que le travail mené par la société civile l’habilite à s’impliquer dans les politiques économiques du pays en général et notamment concernant l’ALECA entre la Tunisie et l’Union européenne.
M. Aouadi a déclaré que l’implication de la société civile n’est pas claire « Inviter la société civile c’est bien, mais pourquoi faire ? Pour l’écouter ou pour avoir une réelle concertation ?», s’interroge-t-il.
Il a rappelé qu’un collectif de la société civile s’est réuni pour demander à être consulté au sujet des négociations sur l’Aleca et d’indiquer que l’essentiel est de mener une véritable concertation avec la société civile qui doit être une force de proposition. « Je demande au gouvernement de revoir les conditions de notre intégration dans l’économie mondiale », indique-t-il.
Ainsi, il a recommandé que le gouvernement ne fasse pas les mêmes erreurs du passé, à savoir la première est de ne pas mener les négociations en solo et dans cette perspective, il s’est interrogé sur la possibilité de créer une coordination entre quatre pays arabes concernés par l’Aleca au lieu d’un seul pays (la Tunisie) qui négocie avec 26 pays (UE).
Ainsi, cette coordination aurait pour objectif de renforcer les négociations avec l’Union européenne. De même, il a recommandé de réaliser une étude sur les effets de l’ancien accord de 1995 : » Il ne faut pas confier cette mission aux experts et économistes qui ont mené la première étude qui avait prédit un bon taux de croissance alors que la marginalisation et la révolution étaient au rendez-vous », insiste-t-il.