Les élections municipales auraient lieu le 17 décembre 2017. L’opération d’inscription sur le registre électoral pour les municipales a démarré lundi 19 juin et se poursuivra jusqu’au 10 août prochain.
Fait surprenant, elles ne suscitent pas encore la mobilisation requise des électeurs. Comment expliquer ce désintérêt, alors que ces élections constituent un processus de décentralisation effective, qu’elles assurent la relève politique demandée, pour corriger une gouvernance municipale ? Faut-il rappeler que les services municipaux se sont illustrés, durant l’ère post-révolution, par leur défection : ramassage souvent irrégulier des déchets, absence de campagne contre les moustiques, constructions anarchiques…
Les analystes prévoient un fort taux d’abstention, vu la désillusion des citoyens, qui reprochent à l’Establishment politique d’avoir occulté les attentes des acteurs du « printemps tunisien ».
Comment se présente l’équation politique, à la veille des élections municipales ?
Nidaa et Ennahdha semblent faire l’objet de contestations internes. Les législatives et les présidentielles de 2014 ont montré que ces partis disposaient d’un socle électoral. Mais la donne aurait changé depuis lors. Al Machrou3 est en voie de restructuration et les nouveaux partis naissants sont en train de formuler leurs discours fondateurs et de compléter la construction.
Les partis de gauche et les mouvances de surenchères ne parviennent pas à fédérer le mécontentement. Attentisme dominant, les partis politiques semblent observer une pause. En tout cas, ils ne se sont mobilisés, semble-t-il, pour préparer leurs candidats, rédiger leurs programmes municipaux et dynamiser leurs assises.
Ennahdha, aurait, d’après des observateurs, déjà identifié ses candidats. Mais opterait-elle pour des listes communes ou s’associeraient-elles à Nidaa Tounes ? La bipolarisation géopolitique semble dépassée, en dépit de l’importance des socles électoraux des grands partis ! Mais la complexité des acteurs de la démocratie locale feraient plutôt valoir une multipolarisation. D’ailleurs, les élections municipales feraient plutôt valoir les enjeux de proximité. Elles concerneraient les personnalités locales, au-delà des appartenances aux partis.
Quels sont, dans ce cas, les enjeux municipaux ? « Si vous demandez aux Tunisiens ce qu’ils attendent des prochaines élections municipales, 99 % diront espérer une amélioration de leur environnement » : la gestion des déchets, l’assainissement, la gestion des parcs et des espaces verts ou encore l’aménagement des plages sont, à l’origine, l’apanage des municipalités, estime Morched Garbouj, le président de l’association SOS Biaa (Hafawa Rebhi, « Tunisie : la bataille écologique des élections municipales », http://www.middleeasteye.net).
Les partis politiques réussiront-ils leur pari de transgresser idéologiquement les enjeux de proximité et d’imposer leurs appareils aux personnalités locales ? Réussiront-ils, au contraire, à les intégrer, par tactique, à leur stratégie politique ? Wait and see.
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