Tout le monde s’accorde sur l’urgence de nouvelles sanctions. Mais pas sur le contenu, discuté hier par les ministres des Finances à l’Ecofin puis aujourd’hui par les ambassadeurs des Etats de l’UE. Sur certains aspects, il n’y a pas de problème, comme l’allongement de la liste noire des personnalités russes concernées par des mesures individuelles ou d’autres outils pour éviter les failles dans les sanctions existantes. Est également sur la table l’éventuelle inclusion de nouvelles banques dans la liste de celles coupées du système d’interconnexion Swift.
Parmi les hypothèses également la fermeture des ports de l’UE aux navires russes. Même si certains États membres ont des doutes à ce sujet. Mais la vraie bataille est celle de l’énergie : pétrole, charbon et surtout gaz. Les 800 millions d’euros par jour que les Européens paient à Moscou pour le gaz sont décisifs. Et ce pour le financement de la guerre en Ukraine. Retour sur les sanctions
La Commission européenne, chargée de préparer les sanctions, étudie l’hypothèse. «Pour nous – a déclaré le commissaire à l’économie Paolo Gentiloni – aucune mesure n’est exclue et maintenant c’est plus vrai que jamais. Nous étions déjà en train de préparer un nouveau paquet de sanctions et nous verrons si les conditions politiques existent pour l’élargir ». La Commission, s’est fait l’écho du vice-président Valdis Dombrovskis, évalue « tous les scénarios », y compris celui d’un arrêt complet du gaz russe.
Et là, souligne-t-il, « la conclusion est que, non sans problèmes, il est possible de faire face à cette situation ». En principe, l’UE est largement consciente que le secteur de l’énergie doit également être touché. Un dossier sur lequel l’Ukraine insiste, mais aussi divers Etats de l’Est. La Lituanie, ex-république soviétique jusque-là très dépendante du gaz russe, a annoncé avoir bloqué les importations de méthane en provenance de Russie, se concentrant sur le liquide, l’Estonie et la Lettonie devraient bientôt suivre. La Pologne a déjà décidé de ne plus utiliser le charbon russe. Le problème, cependant, est dans le timing.
L’Allemagne contre un embargo total du gaz russe
Pour un arrêt immédiat, notamment du gaz, le non catégorique de l’Allemagne, de l’Autriche, de la Slovaquie, de la Hongrie demeure (et il faut l’unanimité pour les sanctions). « Nous voulons être moins dépendants des importations d’énergie en provenance de Russie dans un court laps de temps – a déclaré le ministre allemand des Finances, Christian Lindner – L’Allemagne soutiendra de nouvelles sanctions, nous devons mettre plus de pression sur Poutine et couper les liens économiques ». Cependant, a-t-il précisé, « il n’est pas possible de couper immédiatement le gaz russe ». Rappelons que pas plus tard qu’avant-hier, cependant, le gouvernement de Berlin a annoncé qu’il avait temporairement pris le contrôle de la filiale allemande de Gazprom, pour « protéger la sécurité publique et maintenir la sécurité d’approvisionnement ».
Non à l’embargo aussi de Vienne : « L’Autriche – a déclaré le ministre des Finances, Magnus Brunner – n’y est pas favorable. Nous sommes très dépendants du gaz russe. Je pense que toutes les sanctions qui nous affectent plus qu’elles n’affectent la Russie ne seraient pas justes ». A Bruxelles ces jours-ci, on entend surtout parler de pétrole et de charbon, dont la coupe serait moins problématique. « Je crois – a déclaré Macron – que nous devrons avancer sur le pétrole et le charbon ». Ici aussi, cependant, l’unanimité fait défaut.
Macron et Di Maio favorables à des sanctions ciblant le charbon et le pétrole russes
Côté français, le président français Emmanuel Macron, s’exprimant sur la chaîne de télévision France Inter, a exprimé « l’espoir » que « cette semaine » nous puissions parvenir à un blocus complet des importations de pétrole et de charbon en provenance de Russie.
Sur le blocage des importations de gaz et de pétrole en provenance de Russie « l’Italie ne se retiendra pas », a déclaré le ministre italien des affaires étrangères Luigi Di Maio. Il souligne que son pays « n’a jamais placé aucun type de veto sur les paquets de sanctions et nous ne placerons aucun veto ».