Quatre experts économistes du Fonds monétaire international (FMI) ont vivement recommandé aux gouvernements de mettre sur pied des stratégies financières. Des stratégies « flexibles et réactives, adaptées aux contextes propres à chaque pays ».
Les dépenses inévitables dues à la pandémie et à la crise ukrainienne sont confrontées à une dette croissante et à des contraintes budgétaires strictes. C’est ce que soulignent Jean-Marc Fournier, Victor Gaspar, Paolo Medasor et Berto Acioli Pirelli, économistes de renommée. Ils ont exposé cet avis dans un article paru sur le site officiel du FMI.
L’invasion russe a véhiculé des épisodes de pénurie alimentaire et des risques récurrents de malnutrition ainsi que des tensions sociales. Preuve à l’appui, citent-t-ils, la flambée des prix de denrées alimentaires sur le marché international. Ces prix ont grimpé à 33,6% en mars 2022 par rapport à l’année précédente.
Ils estiment également que bon nombre d’économies émergentes et à faible revenu sont en mal de ressources financières. Une situation qui, à leurs yeux, s’est traduite par des déficits budgétaires considérables. Ainsi que des niveaux de dette publique sans précédent.
Pour parer à ces retombées néfastes, ils ont pressé les gouvernements à revoir leurs priorités. Et ce, en matière de dépenses publiques. De même qu’à mobiliser autant que possible les ressources pour réduire les risques potentiels pouvant affecter leurs budgets publics.
En contrepartie, les experts suggèrent que les politiques des finances publiques des économies des pays les plus touchés par la guerre en Ukraine et les sanctions contre la Russie doivent faire face à la crise humanitaire et aux turbulences économiques et orienter davantage la subvention publique vers les groupes les plus vulnérables ainsi que les secteurs prioritaires.
Vers la baisse de la dette publique mondiale
Par ailleurs, les experts du FMI considèrent que malgré la baisse des taux de déficit et d’endettement mondiaux à des niveaux records, il n’en demeure pas moins que les perspectives sont encore pessimistes face à des risques potentiels qui ne cessent d’évoluer crescendo.
Des prévisions indiquent que la dette publique mondiale diminuera en 2022, avant de se stabiliser à 95% du PIB à moyen terme, soit une hausse de 11% par rapport à ce qu’elle était avant la pandémie de Covid-19.
Plutôt pessimistes, les experts croient que les coûts des emprunts souverains vont augmenter. Et ce, en présence d’une tendance vers l’austérité de la politique monétaire pour freiner davantage l’inflation, ce qui réduira notablement la marge de manœuvre des gouvernements en matière de dépense publique et augmentera ainsi les risques de vulnérabilité financière.
Échec de la maîtrise de l’inflation
Aussi, les experts jugent que les efforts visant à maîtriser l’inflation se sont soldés par une régression. Et ce, en particulier dans les pays émergents et à faible revenu. La pandémie de Covid-19 a plongé 70 millions de personnes supplémentaires dans le monde dans la pauvreté extrême en 2021, font-ils remarquer.
Toujours dans le même article, les chercheurs ont évoqué la hausse des prix des combustibles fossiles. Ils indiquent que celles-ci ont révélé la nécessité impérieuse d’accélérer le processus de transition vers l’énergie propre. Une mesure qui ne manquera pas de renforcer la sécurité des approvisionnements énergétiques. Ainsi que de contribuer à mettre en œuvre l’agenda international urgent sur le climat.
Au final, notons que 60% des pays à faible revenu sont soit en proie à de sérieux risques de surendettement; soit ont déjà atteint cette situation.
Avec TAP