Il suffit de lire les récentes déclarations de la porte-parole de l’ONU et du département d’Etat américain pour se rendre compte qu’il y a un ton plus aigu. Eri Kaneko est sortie récemment pour lancer une « mise en garde ». En espérant que la Tunisie ne s’éloigne pas, au sujet de l’affaire du décret-loi de l’ISIE du 22 avril 2022, des voies de la démocratie.
Il est des analyses qui sont pratiquement facilement à faire. L’analyse de contenu ou du discours appartient, du moins en partie, au lot. Elle repose sur des techniques auxquelles un chercheur peut s’initier assez facilement. Ainsi en est-il des « catégorisations ». Lesquelles consistent en classer des groupes de phrases ou de mots dans des « catégories » (des ensembles). Avec pour dénominateur commun la redondance ou la répétition. Et de les placer dans un ordre décroissant pour signifier l’importance qu’elles constituent dans un texte ou un ensemble de textes.
Ainsi, une analyse de contenu pourrait nous aider à voir la forte occurrence, dans les différentes réactions des partenaires occidentaux de la Tunisie, des mots « inclusif » et « transparent ». Et ce, chaque fois qu’il s’est agi des réformes ou du dialogue qu’ils souhaitent voir s’installer dans la Tunisie de l’après 25 juillet 2021.
Ces deux mots ont évidemment été au rendez-vous du communiqué du Département d’Etat américain (le ministère des Affaires étrangères) du 26 avril 2022. Et ce, après que le président Saïed a remanié l’Instance Supérieure Indépendante (ISIE). Mais comme chaque fois, il y a un petit plus. En effet, le Département d’Etat a voulu apporter une précision de taille pour se faire plus précis. Les changements souhaités doivent donc prendre compte de l’avis « de la société civile, des syndicats et des partis politiques ».
Ne pas l’entendre de la même oreille
Autre expression redondante: « Une profonde préoccupation » concernant l’évolution des choses. Cette expression, il n’y a qu’à revenir aux communiqués des pays du G7, les pays les plus riches du monde, du moins occidental, de l’Union Européenne (UE) et évidemment le département d’Etat US, pour le constater. Les chiffres sont comme on dit têtus. Car « chaque » catégorie est accompagnée du nombre de phrases ou de mots qu’elle comporte.
Des mots utilisés, afin que la partie à laquelle ils s’adressent fasse deux choses: s’explique et change d’attitude ou de comportement. Concernant l’explication, il va sans dire que la Tunisie l’a fait. Et haut et fort. Par la voix du chef de l’Etat. Mais aussi par le biais du ministre des Affaires étrangères. Le département des Affaires l’a fait aussi plus ou moins discrètement; et ce, dans les entretiens avec ces partenaires et bien d’autres. La diplomatie est ainsi faite.
En outre, concernant les faits et gestes du chef de l’Etat, tout porte à croire que ces chancelleries estiment sans doute qu’il n’a rien fait ou peut-être pas assez. A ce niveau, les Tunisiens ont tout le droit de tenir bon à leur souveraineté et à leur indépendance. Reste que lesdites chancelleries ne semblent pas être sur la même ligne; et même ne pas l’entendre de la même oreille. En témoigne la redondance décrite dans ce texte et que tout le monde peut constater.
« Avertissement »
Mais au-delà du jugement que l’on peut porter sur la question, il est difficile de croire que les partenaires lâcheront prise. Bien au contraire, il semble même qu’ils y vont crescendo, en tentant de se faire plus clair et précis.
Ainsi en est-il de la réaction de la porte-parole du Secrétaire Général des Nations Unies, Eri Kaneko (notre photo). Puisqu’elle est sortie récemment pour lancer une « mise en garde ». En souhaitant que la Tunisie ne s’éloigne pas, au sujet de l’affaire du décret-loi de l’ISIE du 22 avril 2022, des voies de la démocratie. Et il suffit de consulter le plus populaire ou du moins l’un des plus populaires d’entre eux, le dictionnaire français, pour trouver la définition suivante et exacte du mot « mise en garde ». Il s’agit bel et bien d’un « avertissement ».
Restons à ce niveau, pour rappeler cette information que beaucoup d’entre vous ont lu. A savoir que le président américain Joe Biden a proposé, le 2 avril 2022, de réduire de moitié l’aide militaire à la Tunisie.
Alors, la description introduite ici n’est pas un commentaire; mais elle concerne des faits réels. Faut-il rappeler, dans ce contexte, la phrase suivante, largement d’usage dans les médias: « Le commentaire est libre, mais l’information est sacrée » ?