Le porte-parole de l’UGTT Sami Tahri a réaffirmé aujourd’hui le refus conditionné de la centrale syndicale de participer au dialogue national dans son format proposé par le chef de l’Etat Kaïs Saïed. Cette décision a été l’une des principales conclusions de l’instance administrative nationale de l’UGTT.
Sami Tahri s’exprimait lors d’une conférence de presse tenue par l’UGTT aujourdhui à Tunis. Il plaide aussi pour un dialogue qui émet des conclusions et des accords et non des consensus.
Revenant sur le dialogue national, Sami Tahri affirme que celui-ci doit répondre à un certain nombre de conditions. Il indique que le dialogue doit aboutir à des accords et non pas à des décisions ou des consensus soumis au président de la République pour être rejetés ou acceptés. Sami Tahri rappelle, également, que l’UGTT a déjà proposé une initiative pour un dialogue global au président de la République en 2020 qui n’a pas eu de suite.
Le dialogue doit, également, être ouvert aux partis politiques et organisations de la société civile qui ne sont pas contre le 25 juillet. Pour lui, il n’est pas question que le dialogue commence par des résultats préétablis. Par ailleurs, il indique que la période dédiée au dialogue arrive à son terme le 20 juin et n’est pas suffisante pour la rédaction d’une Constitution ou d’une loi électorale ou encore d’un programme socioéconomique, sauf si ces dossiers ont été préparés au préalable. Sami Tahri a indiqué que l’UGTT doit être représentée dans les trois commissions, car elle est concernée par toutes ces activités. Il affirme que l’UGTT n’a pas été consultée sur sa participation dans la commission. Sans les nommer, il avance que « certaines parties veulent que l’UGTT entre en confrontation avec le président de la République ».
Tahri a aussi précisé que la centrale syndicale prévoit l’organisation de deux grèves générales dans la fonction et le secteur publics. « Le bureau exécutif se chargera de fixer les dates. Mais il n’y aura pas de grève en cas d’accord avec le gouvernement », a-t-il ajouté. Dans le même contexte, il précise que les deux grèves ne sont pas d’ordre politique, mais plutôt socioéconomique. Dans le même contexte, il rappelle que dans son histoire, l’UGTT a observé des grèves pour des raisons politiques, notamment en 1978.
Le secrétaire général adjoint de la centrale syndicale Anouer Kaddour est revenu sur le volet socioéconomique en Tunisie. Il pointe du doigt l’absence de réformes économiques depuis le 25 juillet ainsi que la cherté de la vie et la dégradation du pouvoir d’achat des Tunisiens. Evoquant les négociations avec le FMI, l’intervenant affirme que la centrale syndicale n’est pas contre les négociations avec le FMI mais contre les solutions imposées. De ce fait, il plaide pour des solutions tuniso-tunisiennes. Il déclare que l’UGTT annoncera prochainement sa position par rapport aux négociations.
Le syndicaliste explique, également, qu’il n’existe aucune harmonie entre le gouvernement et le président de la République. Il souligne la nécessité d’entamer dans l’immédiat les réformes majeures, dont une réforme politique qui s’articule autour d’une Constitution participative, un régime politique qui bénéficie de l’unanimité de toutes les parties prenantes, une réforme sociale pour lutter contre le chômage, et de déterminer un espace de temps pour la réforme des entreprises publiques. Et de rappeler que la commission mixte formée entre le gouvernement et l’UGTT pour la réforme des entreprises publiques ne s’est réunie que quatre fois depuis 2018.
Il rappelle que le FMI demande au gouvernement de maîtriser la masse salariale et de réformer le système de subvention sans imposer quoi que ce soit. L’UGTT a sa propre vision de la réforme, indique-t-il.
De son côté, le secrétaire général adjoint de l’UGTT Hfaiedh Hfaiedh est revenu sur les raisons des deux grèves générales dans le secteur et la fonction publics. Il s’agit de l’annulation de la circulaire 20 relative à l’interdiction des négociations sociales entre les syndicats et les départements ministériels sans accord de la présidence du gouvernement, l’application de l’accord du 6 février 2021 qui prévoit plusieurs accords, l’application de ces derniers a déjà commencé pour être suspendue le 25 juillet, la révision à la hausse du SMIG. Il souligne l’importance de cette révision, étant donné que la pension de retraite des affiliés de la CNSS est indexée sur la révision à la hausse du SMIG. Par ailleurs, l’UGTT revendique le lancement des négociations sociales au titre des années 2021,2022 et 2032. L’intervenant indique que le gouvernement veut reporter les négociations sociale après le référendum du 25 juillet.