Cent ans déjà que la Journée du 8 mars est dédiée à la femme. Tout a commencé quand les femmes ont manifesté pour le droit de vote, de meilleures conditions de travail, ou encore l’égalité entre homme-femme, ce qui avait soulevé un tollé en Europe. Mais ce n’est qu’en 1910 que les choses ont commencé à prendre racine quand la journaliste allemande Clara Zetkin a avancé l’idée de la Journée internationale de la femme, inspirée des femmes ouvrières aux USA en 1908. Cinq ans plus tard, le 8 mars 1914, les femmes ont réclamé le droit de vote qu’elles n’ont obtenu que quatre ans après, le 12 novembre 1918. Cependant, la Journée internationale de la femme n’a été reconnue qu’en 1977 par les Nations unies.
Que ce soit en Tunisie ou ailleurs, les événements se sont succédé tout au long de la semaine et ce à partir du 2 mars. Entre spectacles, expositions, concerts, conférences et manifestations, la femme est au cœur du débat.
Pour les Nations unies, le thème de cette année est “ L’autonomisation des femmes, autonomisation de l’humanité, imaginez !”, pour dire que dans l’histoire de leurs pays, les femmes ont joué un rôle extraordinaire, en mettant en avant les acquis, ce qu’elles ont accompli grâce à leur engagement au niveau politique, associatif, éducatif ou autre. Malgré tous les progrès depuis des décennies, il existe encore des lacunes concernant les droits, l’égalité des sexes, la lutte contre les agressions faites aux femmes, la discrimination. Le combat continue.
Imaginez! Un monde où peuvent vivre les femmes avec le plein droit d’exercer leurs choix dans une société exempte de violence et de discrimination. Une vision qu’on aimerait bien vivre, non seulement y croire.
A l’occasion de cette journée, Reporters sans Frontières met la femme journaliste à l’honneur. En effet, dix femmes journalistes ont été sélectionnées des quatre coins du globe pour leur rôle essentiel et leur engagement mais aussi pour les risques qu’elles ont dû affronter.
Ce métier de journaliste qui a gardé bien longtemps son aspect “masculin”, s’est finalement féminisé. RSF a mis l’accent sur le quotidien des femmes journalistes : Entre garder le silence, subir les pressions durant l’exercice de leur métier, des témoignages émouvants de la part de ces femmes qui nous font partager leurs histoires.
Tel est le cas de plusieurs femmes comme la journaliste d’investigation Khadija Ismaïlova en Azerbaïdjan où elle a dénoncé la corruption et les conflits d’intérêt du régime.
D’autres comme Khadija continuent à révéler les scandales comme Brankica Stanković qui dirige le programme d’investigation “Insajder” diffusé depuis 2004 par la chaîne de télévision serbe, la journaliste a révélé dans son émission de nombreux scandales de corruption et elle explique les liens entre mafia et milieux politiques et économiques serbes.
La liste est bien longue, la force, courage et la volonté sont les mots d’ordre qui caractérisent ces journalistes.
Journalistes, politiciennes, artistes, sportives, femmes au foyer, entrepreneures, chefs d’entreprise, fonctionnaires, le combat est le même pour continuer à relever le défi en tant que femme tout simplement.
Des femmes tunisiennes livrent aussi leurs témoignages sur la situation de la femme et une majorité d’elles affirme que la femme d’aujourd’hui est en danger.
La cinéaste tunisienne Khadija Lemkecher, quant à elle, s’inquiète de la situation de la femme en Tunisie :”Je suis très inquiète surtout au niveau de la société, au niveau des acquis de la femme tunisienne qui sont en danger. Elle n’est malheureusement pas libre de faire des choix dans la vie. La femme de nos jours subit des discriminations, ajoutant que le harcèlement envers les femmes s’aggrave ».
Pour remédier, entre autres, à l’image négative de la femme véhiculé par les médias, un travail de longue haleine, non seulement le 8 mars, doit être fait tous les jours dans tous les domaines.
Elle ajoute :” Il ne faut pas arrêter de s’imposer, la bataille n’est pas finie, il faut continuer le combat, Dont give up”, lance-t-elle, en pensant à la vieille femme qui a fait le choix de ne pas se marier, dans une société qui ne comprend pas la femme.
L’avocate et militante, secrétaire d’Etat chargée de la Société civile Saïda Garrache nous livre son témoignage :” Je pense que les femmes tunisiennes sont unies quand il s’agit de défendre la cause des femmes et de ses droits. Reconnaître la pluralité en termes de réflexion veut dire qu’on est dans l’ouverture, et non dans l’exclusion. Les femmes tunisiennes ont toujours été présentes dans l’histoire.
Interrogée sur la présence de la femme dans la vie politique:” L’après-14 janvier, la mobilisation des femmes a changé le cours de l’histoire, nous sommes devenues un exemple d’inspiration pour les autres, comment ces femmes ont réussi à changer, à sauver le pays. Quand on regarde ce qui se passe en Egypte, en Libye, en Syrie, cette vague de changement politique a pris une autre tournure de violences, d’affrontements, alors que la Tunisie reste un modèle à méditer, et à suivre dans l’avenir, a-t-elle répondu. Ajoutant que la femme tunisienne n’a toujours pas la reconnaissance politique, sociale, qu’elle mériterait. Il y a encore beaucoup à faire.
Quant aux agressions faites aux femmes, la militante précise :”Ceci est loin d’être terminé, le combat continue, avec 47% des cas de violence, la réalité est tout autre, les cas sont beaucoup plus nombreux, il faudrait tout un travail sur tous les aspects, educatif, culturel, changer les mentalités, il faudrait commencer par cela”. Et d’ajouter:” Je suis fière des femmes tunisiennes et je suis fière d’être Tunisienne, qui fait partie de celles qui luttent pour la liberté et pour le rayonnement des femmes tunisiennes qui restent une exception pour le monde des femmes arabo-musulmanes”.
Par ailleurs l’athlète et championne Habiba Ghribi, rencontrée lors de la conclusion d’un partenariat avec Citroen Tunisie, favorise le sport et conseille aux jeunes filles d’en pratiquer, ajoutant, entre autres, que la volonté dépend de la femme elle-même si elle veut devenir championne.
Son message:” Faire du sport, ce n’est pas pour atteindre la gloire, de gagner des médailles, ou remporter les championnat olympiques, mais c’est surtout pour la santé, le corps de la femme, d’être toujours féminine. On fait du sport pour être belle aussi, ceci est important. Après on ne sait pas parfois on pratique le sport pour être bien sa peau, après on se rend compte qu’on est championne”. Et de continuer:”Je dis bonne fête à la femme, exceptionnellement la femme tunisienne. Pour moi, je représente la femme tunisienne à l’echelle nationale et internationale, et surtout dans le sport.” Enfin sa devise dans la vie, d’être toujours la meilleure,
Quant à son rêve est d’entendre l’hymne national avec le championnat du monde, conclut-elle.
“Soyez-vous mêmes et continuez à lutter”, un message que la plupart des femmes veulent faire passer.