Une lecture critique préparée par l’ONG Solidar Tunisie, intitulée « Plan de développement 2016-2020 : réformes, investissement, commerce extérieur et emploi : une lecture critique » a été présentée aujourd’hui lors d’une conférence de presse à Tunis. Élaboré par Mme Salma Zouari professeur à l’IHEC de Carthage, le rapport présente un certain nombre de réserves à ce plan de développement.
En effet l’étude estime, entre autres, que l’enveloppe des investissements retenus par le Plan pour la période 2016-2020 (120000MD) est insuffisante et ne permet pas de rehausser le taux d’investissement à des niveaux compatibles avec les objectifs du plan.
En ce qui concerne le nombre d’emplois que le projet envisage de créer, soit 400.000 emplois , l’étude estime que c est « un chiffre difficile à réaliser compte tenu d’une probable augmentation de la productivité apparente du travail supérieure à celle anticipée et du décalage entre la qualité des nouveaux emplois projetés et les aspirations et le profil des nouveaux arrivants sur le marché du travail ».
Dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com, Lobna Jeribi, présidente de Solidar Tunisie, a indiqué que l’étude en question s’inscrit dans le cadre de l’ONG SOLIDAR Tunisie qui par son travail accompagne le processus législatif par l’analyse des différents projets de loi soumis à l’Arp. Cela en se basant sur le benchmarking, l’expertise tout en alimentant un débat interne avec un groupe de travail de différents profils et tendances (universitaires, syndicalistes, chefs d’entreprise, financiers et autres).
La présidente de l’ONG a indiqué que l’ONG ambitionne d’établir un dialogue avec la société civile et les corporations de métiers qui sont concernées au premier degré par les projets de réforme.
« Chose que nous avons faite pour le projet de loi relatif au code d’investissement : pour les incitations fiscales nous avons soumis un tableau d’amendement à l’Arp sur ces projets de loi. Nous avons présenté les tableaux d’amendement aux différentes corporations concernées par les projets de loi pour obtenir le consensus et le présenter aux décideurs, au pouvoir exécutif puisque dans le cadre de l’ALECA, on travaille également avec la présidence du gouvernement », explique-t-elle
Elle considère que le plan est le socle des réformes qui devrait arrêter un calendrier de réformes précis pour la période à venir. D’ailleurs, l’étude en question met l’accent sur l’absence de calendrier clair et d’un plan d’action bien déterminé : « Nous avons l’impression que nous sommes dans la perspective de déclaration d’intention et non dans la perspective d’un plan de développement », remarque-t-elle. Pour elle, les réformes doivent être engagées avec des indicateurs d’évaluation de performance pour le suivi de ces réformes par les décideurs.
Lobna Jribi avance que Solidar Tunisie qui a eu l’exclusivité d’évaluer en premier a pu évaluer la cohérence entre toutes les réformes étant donné qu’elle a étudié les autres projets stratégiques (code des collectivités locales, la décentralisation, le financement de l’investissement) pour savoir si tout cela va dans le même sens ou pas. « Dans cette perspective nous avons repéré quelques incohérences et un certain manque de convergence dans la stratégie globale ».
Ainsi l’étude en question a permis, d’après la même intervenante, de mettre en place des choix stratégiques. « Notre ambition c’est que les pistes d’amélioration soient soumises aux décideurs. On sait que parmi les composantes de la feuille de route du gouvernement d’union nationale figure l’amendement du plan quinquennal. Donc nous considérons que ce travail sera utile et pourra apporter sa pierre à l’édifice dans l’amendement du plan au niveau des réformes, des investissements et du commerce extérieur ».
Concernant l’ouverture sur les marchés : « Nous considérons que la tendance baissière du taux d’ouverture que le plan prévoit est à la limite choquante puisqu’on s’oriente vers les accords de libre-échange et l’ouverture sur les marchés extérieurs, raison pour laquelle nous pensons qu’il faut revoir le taux d’ouverture »
Pour le choix du secteur de l’investissement, « nous pensons qu’ils doivent être des secteurs à forte valeur ajoutée et non des secteurs classiques comme le transport et le bâtiment », indique-t-elle.
L’étude demeure critique concernant les 400.000 emplois. En effet, des questions ont été posées sur la faisabilité de la création de 400 mille emplois au niveau qualitatif et quantitatif.
L’étude a démontré qu’il n’est pas possible d’atteindre ce chiffre, que la majorité de ces emplois sont dans le domaine du bâtiment et des secteurs à faible valeur ajoutée.