L’enquête sur l’assassinat de la figure de l’opposition Chokri Belaïd se poursuit. L’impasse est totale, et ce, depuis voilà trois ans.
En attendant, les commanditaires courent toujours, qui sont-ils ? C’est l’ énième audience dans l’affaire Chokri Belaïd où l’on a tenté de reconstruire le puzzle de toutes les contradictions constatées pour délimiter encore une fois les responsabilités qui ont conduit à ce statu quo préjudiciable à la vérité.
Nizar Snoussi, membre du comité de défense de Chokri Belaïd, à l’issue d’une conférence de presse organisée par le parti des Patriotes démocrates unifié (Ppdu) tenue aujourd’hui à Tunis, a déclaré: « Concernant l’audience d’hier, nous avons déposé un rapport rédigé auprès du Tribunal de première instance, sollicitant des réponses, mais aussi d’enquêter sur la fuite de Aboubaker Hakim, le 17 juillet 2013, 8 jours avant l’assassinat de Mohamed Brahmi, et qui est l’un des principaux suspects dans cette affaire ».
Il a ajouté: « En reconstituant le puzzle, nous avons constaté quatre versions contradictoires lors de l’interrogatoire des agents concernant le délit de sa fuite. A titre d’exemple, son oncle Taher Ayari a contacté directement des dirigeants d’Ennahdha au lieu d’informer la police. Pour commencer, ils l’ont mis en relation avec Taher Boubahri, l’ancien conseiller d’Ali Laareyedh, puis avec Atef Omrani, ancien directeur général au ministère de l’Enseignement. Tout le monde savait où il se cachait, et c’est la raison pour laquelle la descente n’a pas abouti à son arrestation ».
Par ailleurs, « le délit de financement n’a pas été non plus pris en considération dans cette affaire », rétorque M. Snoussi, en déclarant: « Ni les enquêteurs ni le juge d’instruction n’ont enquêté à ce sujet. Qui a financé les exécutants et comment ? Comment se fait-il que ce même juge d’instruction n’ait pas enquêté sur ce volet ? De plus, ce même juge d’instruction vient d’être promu procureur de la République ».
De son côté, Mohamed Jmour, secrétaire général adjoint du parti des Patriotes démocrates unifié (PPDU), a lui aussi mis l’accent sur les défaillances de l’enquête menée par le juge d’instruction, mais aussi sur la disparition des preuves comme les armes qui ont été tirées sur Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.
« Ces pièces à conviction ont disparu », a-t-il dit, en poursuivant: « La garde nationale ne dispose même pas d’une copie du PV de ces pièces à conviction. Voilà où nous en sommes. C’est ce genre de malversations qui entravent la quête de la vérité. C’est pourquoi, informe-t-il, une plainte a été déposée à l’encontre du juge d’instruction au bureau 13 qui vient d’être promu procureur de la République.
Il déclare: « C’est au ministre de la Justice de prendre la décision de déférer ce juge devant la justice. Nous avons montré que ce juge non seulement n’était pas impartial, mais il a délibérément agi contre la vérité. Il a tout fait pour étouffer l’affaire, c’est on ne peut plus flagrant ».
Rappelons qu’un nouveau procès aura lieu le 25 avril 2017.