«Santé de la PME en Tunisie», tel est le thème du séminaire organisé, aujourd’hui, par la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (CONECT), afin de présenter les résultats de l’enquête sur les PME, réalisée par la confédération en collaboration avec le cabinet HLB GSAudit & Advisory et le bureau d’études et de sondages d’opinion One to One.
Baptisée « Miqyes », cette enquête a pour objectif de mesurer les incidences des mutations nationales et régionales sur la capacité des PME à créer de la richesse et de l’emploi et leur contribution dans le processus de développement économique et social.
Elle a été réalisée au cours de la période janvier-février 2017, sur un échantillon de 540 entreprises (6 à 250 employés) réparties sur les 24 gouvernorats de la Tunisie et opérant dans les divers secteurs, notamment l’industrie, les services, le commerce et l’agriculture.
Elle a été axée sur l’évolution de la situation au sein des entreprises en relation avec la productivité, des recrutements, des bénéfices réalisés, l’accès aux marchés internationaux, la baisse des rendements et l’impact de l’environnement de l’investissement et des affaires, les difficultés rencontrées dans les relations avec l’administration (services de la douane, l’administration fiscale et le système bancaire).
A cette occasion, Tarek Chérif, président de la CONECT, a annoncé que la situation particulièrement difficile que connaît l’économie tunisienne, les problèmes et les défis qui ne font que s’accumuler depuis plus de six ans ne peuvent être surmontés que par le recours à des approches et à des stratégies mieux adaptées, plus efficace et plus pertinentes.
A cet égard, il a affirmé que tous les responsables et chefs d’entreprise doivent rompre avec la subjectivité, l’arbitraire et l’approximation pour développer la culture du rationnel, de l’évaluation, de l’analyse, de la décision et du suivi.
C’est dans ce cadre que s’inscrit la mise en place de ce baromètre qui constitue, selon ses dires, une évaluation régulière de l’état de santé de l’entreprise tunisienne et représente ainsi un miroir pour les PME afin de s’y projeter dans l’avenir.
Résultats de l’enquête
Présentés par Mourad Ben Mahmoud, DG du HLB GSAudit & Advisory, et Youssef Meddeb, PDG de One to One, les résultats de l’enquête ont démontré que 28,9% du total des PME sondées ont travaillé principalement pour l’export en 2016, ciblant plusieurs marchés, à savoir la France, l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne, l’Algérie, la Russie…
Ainsi, 40,9% ont déclaré que leurs chiffres d’affaires ont augmenté en comparaison de l’année 2015. En ce qui concerne la gestion des finances, 26,6% des chefs d’entreprise passent plus d’une heure par semaine avec le banquier.
Au volet challenges et défis, 81, 7% des PME ne connaissent pas leurs parts de marché, 44,4% ont refusé des contrats pour manque de rentabilité et 28,1% pour manque de capacité.
Le même baromètre a dévoilé que 39,3% des PME ont perdu en 2016 un ou plusieurs clients importants principalement pour manque de compétitivité (29,6%) et difficultés financières du client (22,1%).
Egalement, 30,2% ont subi des arrêts fréquents de la production, et ce, essentiellement en raison de l’outil de travail et matières premières (46%) et l’absence de demandes des clients (21%).
Toutefois, 38,5% des entreprises seulement recourent aux crédits de gestion et 33,9% ont déposé des demandes de crédit en 2016. Sachant que 65,7% des demandes de crédit des industriels ont été rejetées, 35,6 des demandes de crédit d’investissement des entreprises déficitaires ont été acceptées et 56% des demandes des entreprises bénéficiaires ont été acceptées en 2015 et 2016.
31,1% des PME n’ont pas recruté en 2016 pour inadéquation des profils, 29,7% ne sont pas arrivées à générer des bénéfices en 2015 et 27% en 2016.
Pour la pérennité de l’entreprise, 27,7% ont affirmé que le littoral offre un environnement économique plus favorable que les régions de l’intérieur et le Sud.
Au volet de la performance, 40,2% des PME n’ont pas décroché de nouveaux clients en 2016, 63,9% n’ont pas lancé un nouveau produit ou service mais 58,5% compte les lancer en 2017.
En outre, 68% des entreprises ont été menacées par une concurrence informelle, dont 76,9% implantées à Sfax et 80% opèrent dans le secteur du commerce.
Quant aux procédures administratives, 41% des PME interrogées connaissent des blocages avec l’administration fiscale et la douane essentiellement. Et 50% des managers d’entreprise ne pensent pas pouvoir travailler et gagner sans recourir à la corruption.
Au final, les résultats de l’enquête ont montré que 67,4% de dirigeants d’entreprise sont optimistes pour l’avenir de leurs entreprises.