La filière lait passe par une conjoncture critique et cela n’épargne aucun des intervenants dans le secteur, notamment les éleveurs de vaches laitières et les transformateurs de lait. C’est la raison pour laquelle la centrale agricole (UTAP) et la centrale patronale (UTICA) se mettent à deux pour interpeller les pouvoirs publics quant à la révision à la hausse du prix du lait.
Pourquoi les deux centrales revendiquent la révision à la hausse du prix du lait ? Plusieurs facteurs sont déjà sur le banc des accusés : l’augmentation significative des coûts et charges, ainsi que la contrebande des vaches laitières vers des pays voisins en nombre de plus en plus important sont deux raisons pour lesquelles l’UTICA et l’UTAP tirent la sonnette d’alarme. Cette situation ne fait qu’augmenter les charges des éleveurs et les centres de collecte et les industries de transformation du lait et de ses produits dérivés.
Par ailleurs, la problématique trouve son origine dans le gel des prix à la consommation, sans tenir compte de l’augmentation des coûts, notamment pour ce qui est du prix des vaches laitières, de l’alimentation du bétail, des soins vétérinaires, des carburants et des salaires. Ainsi, il s’agit d’une inadéquation entre les charges et les revenus.
La centrale patronale et la centrale agricole soutiennent que le prix public du litre de lait stérilisé qui est actuellement en Tunisie de 1120 millimes est le plus bas dans l’ensemble de la région et d’un grand nombre d’autres pays. C’est ainsi qu’en Libye il coûte 1500 millimes, 1900 millimes au Maroc et 1800 millimes en Egypte, à titre d’exemple. Cela justifie bel et bien la révision à la hausse du prix du litre de lait d’après les deux centrales, lesquelles se réfèrent à des études qui avancent qu’une augmentation ne saurait être équitable qu’à partir de 200 millimes par litre, pour l’éleveur, 55 millimes pour le collecteur et 100 millimes pour l’industriel.
Les statistiques officielles avancent que la filière du lait ne compte pas moins de 112.000 éleveurs dont la plupart (82.8%) sont de petits éleveurs possédant de une à cinq vaches. Ils accomplissent 40% des journées de travail dans le secteur agricole et contribuent à hauteur de 11% dans la valeur de la production agricole. La transformation du lait et de ses dérivés représente 7% de la valeur des industries alimentaires. Cette industrie est forte de 45 unités dont 11 spécialisées dans le lait avec une capacité de 4.2 millions de litres/jour, huit dans le yaourt, deux dans le séchage et 25 dans les fromages.
La production totale s’élève à 1.413 millions de litres par an, dont 995 millions de litres sont traitées et transformées par les unités industrielles. La consommation annuelle par tête d’habitant est passée en Tunisie de 83 litres par personne en 1994 à 110 litres par personne en 2017 et reste insuffisante par rapport à la moyenne européenne qui est 250 litres par tête d’habitant.
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