Réviser la loi électorale est une proposition de la présidence du gouvernement, serait-il appropriée de revoir le mode de scrutin électoral ? Tel est l’un des sujets évoqués récemment dans les médias? Qu’en pense le constitutionnaliste et coordinateur du Réseau “Doustourna”, Jawher Ben Mbarek?
Selon lui, revoir la loi électorale est une proposition naïve. D’abord, « pour deux raisons », a-t-il déclaré, en reconnaissant que la crise politique que connait le pays est à son sens, sans lien avec le système électoral ni avec le système politique.
Il précise à cet effet: « Il s’agit à chaque fois d’une instabilité politique chronique dont le principal responsable est le président de la République Béji Caïd Essebsi qui a toujours voulu avoir le dernier mot sur la gestion des affaires de l’Etat, mais aussi sur les compétences du chef du gouvernement. A chaque fois, il a choisi un personnage de second plan et on se retrouve devant une situation de crise depuis 2011 puisqu’on ne fait que reproduire la même crise ».
M. Ben Mbarek ajoute: « Nous avons un système semi-parlementaire où c’est le leader du groupe parlementaire, à savoir le n°1 du parti vainqueur des élections qui doit se présenter à la tête de la présidence du gouvernement. Or le vrai chef c’est Béji Caïd Essebsi ce n’est ni Youssef Chahed et non moins Habib Essid ».
Et de poursuivre: « Le vrai chef d’Ennahdha est Rached Ghannouchi, ce n’est pas Ali Laâreyedh or le vrai leader reste caché et on a une sorte de marionnette sur le devant de la scène ».
Jawher Ben Mbarek: « Changer le système politique ou électoral, va certainement impacter le système »
Il rappelle qu’ il s’agit d’une sorte d’esprit politique archaïque et toujours attaché à un système présidentiel alors qu’on a un texte qui a prôné un régime plutôt parlementaire, c’est à dire que nous avons une contradiction entre la réalité et le texte constitutionnel.
Et de conclure: « On ne comprend pas ce que les acteurs politiques proposent la modification de la loi électorale sans pour autant proposer une alternative. On peut deviner qu’il s’agit d’orienter vers un système majoritaire au lieu d’un système proportionnel actuel. Or ces calculs émanent des vainqueurs des élections 2014. Tout comme, ils ne savent pas que le système électoral peut aussi profiter à leurs adversaires et on se retrouve en 2019 avec une majorité absolue, en l’occurrence Ennahdha; parce qu’il sera probablement le prochain vainqueur. Cela a été démontré durant les élections municipales, avec un parti structuré qui pourrait gouverner tout seul ».