Dans le monde, le marché des véhicules électriques a connu de grandes évolutions. Trois millions de véhicules électriques circulent actuellement dont 40% sont en Chine. La Norvège est classée deuxième pays en termes d’utilisation de ces véhicules avec une part de marché de 6% du parc mondial des véhicules électriques. Les fabricants estiment la vente d’un million d’unités d’ici 2020.
Selon de récentes études, l’autonomie des batteries des véhicules électriques pourrait atteindre de 150 à 400Km. Ces batteries nécessitent une recharge quotidienne.
Pour une distance de 300 km, soit l’équivalent de 10 fois Tunis – La Marsa aller-retour ou l’équivalent de la distance aller Tunis – Sfax, il suffit de dépenser 10 dinars. Soit un dinar de consommation électrique pour chaque 30 km, contre trois dinars de consommation de carburant pour un moteur diesel pour la même distance (30 km).
Ces véhicules électriques ne nécessitent pas de vidange et les moteurs électriques sont plus simples que les moteurs diesel. Les véhicules électriques pourraient atteindre une vitesse de 130 km/h contre 80 km/h pour les bus électriques.
Enjeu économique et environnemental
On distingue actuellement deux types de véhicules classés « électriques ». Il y a des véhicules 100% électriques et d’autres hybrides avec deux unités de stockage (batterie et moteur à diesel). Les batteries « Li-On » disposent de la technologie la plus utilisée actuellement. La tendance mondiale consiste à réduire les coûts et les performances de ces batteries.
Ce genre de véhicules présente un enjeu économique et environnemental de taille. Pour des pays qui subventionnent les énergies fossiles, le recours à l’utilisation des véhicules électriques pourrait être une solution efficace pour réduire le déficit de la balance énergétique.
Pour la Tunisie, la transition énergétique est une priorité gouvernementale. L’objectif étant de renforcer le mix-énergétique. Réduire de 30% la consommation des carburants et augmenter de 30% la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique du pays.
Notons qu’en Tunisie, le secteur du transport accapare environ 35% de la consommation énergétique et 55% de la consommation des hydrocarbures. L’innovation technologique comme l’utilisation des véhicules électriques est donc parmi les solutions à adopter pour atteindre ces objectifs.
Véhicules électrique : une première expérience en Tunisie
L’Agence Nationale pour la Maîtrise de l’Energie (ANME) et le groupe privé Al Badr ont signé le 13 juillet 2018 un accord de partenariat. Le but est de développer une coopération pour l’appui des programmes de l’ANME. Notamment, à travers la promotion de la mobilité électrique à travers la mise en place des projets pilotes.
Il s’agit aussi de la mise à la disposition de l’ANME de quatre véhicules électriques, trois voitures et un bus. Et cela pour une période déterminée et selon les modalités à convenir. L’ objectif étant la sensibilisation à la nécessité de se convertir en mobilité électrique.
Dans ce contexte, et dans le cadre d’une journée d’information, un bus électrique a été importé par le Groupe Al Badr pour une période de test de six mois a été testé dans le parc de la Transtu et celui de la SORETRAS. Un bus et un véhicule électriques ont été présentés aux médias lundi 19 novembre à Tunis.
« La Tunisie dispose de plusieurs atouts pour industrialiser les véhicules électriques et ses composants. Et ce, dans le cadre de la diversification de ses partenaires. Mais, il faut mettre en place tout un écosystème pour ce projet ambitieux », a tenu à souligner Slim Feriani. Le ministre de l’Industrie et des PME s »est exprimé lors d’un débat organisé lundi à Tunis sur la mobilité électrique en Tunisie.
Selon un haut responsable du ministère de l’Industrie et des PME, tout un programme a été mise en place pour la période 2019 – 2025.Il s’agit d’alimenter le parc automobile tunisien d’environ 70 000 unités électriques, soit environ 10% des nouvelles immatriculations. Ce nombre sera réparti entre 50 000 véhicules électriques et 20 000 véhicules hybrides. Et d’ajouter que le pays peut gagner jusqu’à 52% en terme de subvention à l’énergie.
Les défis de la mobilité électrique
Plusieurs difficultés d’ordre réglementaire, procédurale et technique comme la non-disponibilité des bornes de recharge se présentent à ce programme.
Malheureusement, les véhicules à essence sont aujourd’hui taxés de moins de 57% que les véhicules électriques ou hybrides. Le prix demeure aussi un grand obstacle devant les consommateurs.
Il faut donc une politique affirmée pour encourager cette technologie. L’octroi des avantages fiscaux aux importateurs, aux industriels et aux consommateurs à l’achat. En outre la formation des vendeurs et des mécaniciens, la mis en place d’un réseau de recharge de qualité et adaptés aux besoins et disponible au public, la réduction des droits et taxes de douane et des frais de circulation pourraient encourager l’utilisation des véhicules électriques en Tunisie.