Bientôt des voitures algériennes sur le marché tunisien. Après le beurre sans l’argent, le lait de la crémière venue d’ailleurs, et le pain du boulanger pour peu de temps.
Après la chamia et tant d’autres produits, que reste-t-il encore à importer pour mettre définitivement à genoux un tissu industriel aux prises avec des spasmes violents et qui, si la vapeur n’est pas renversée, finira bien par rendre l’âme.
Les produits turcs d’abord, tout le reste après. Solidarité entre frères et remerciements un peu trop appuyés pour service rendu. A qui la faute ? A cet Etat bien sûr, devenu trop faible. Bientôt, on ira tous au paradis, à condition d’être bénis.
Ben Ali a encouragé la consommation sans retenue à coups de crédits pour la vie pour que ses compatriotes se taisent et ne s’occupent pas de politique. Consomme et tais-toi a fait fureur à la grande satisfaction des créanciers. Ben Ali embastilleur d’hommes, harceleur, voleur, mais pas tueur en série…Ce qui n’a pas empêché le made in Tunisia de fleurir même à moitié.
Bien sûr durant les « Vingt trois glorieuses », on a pillé à volonté, détourné, et brimé à souhait. Sinon les va-nu-pieds, les sans-abri, les ventres vides et tous les damnés du pays et de l’arrière-pays n’auraient pas pris d’assaut la rue pour dire à l’objet de leurs tourments et sa clique : « Dégagez jusqu’au dernier ». Mais de là à crier famine, il n’y a qu’un pas, et il a été vite franchi …
Tous ces accords sur accords, ces prêts sur prêts, ces dons sur dons ; je ne sais pas si on peut appeler cela, doing business well, faire de bonnes affaires, comme on dit.
Diplomatie économique dit-on ?
On a tellement reproché à la diplomatie tunisienne son manque d’audace, son manque d’agressivité et de percussion, qu’on en est arrivé à occulter injustement l’activisme qu’elle affiche ces derniers temps, même si c’est pour du vent parfois.
En effet, combien sont-ils ceux qui sont venus à Tunis à l’invitation de tous les gouvernements qui se sont succédé à la Kasbah depuis la révolution, qui ont pris des engagements, et qu’ils les ont respectés ?
Et puisque la reconquête du marché africain semble être devenue le leitmotiv de l’étape à venir, et qu’on ne cesse de répéter que cette reconquête, virtuelle pour l’instant, va nous ouvrir des perspectives plus que prometteuses.
Comment expliquer cette étrange décision de Tunisair de ne plus ouvrir de lignes en direction du continent ? Il s’agit de savoir ce que l’on veut vraiment.
On annonce pour avril prochain un forum Chine-Pays arabes à Tunis et un partenariat renforcé avec Pékin. Pas de doute, on peut compter sur nos amis chinois.