Lors d’un point de presse organisé cet après-midi, le gouverneur de la BCT Marouane El Abassi est revenu sur la décision du relèvement de 100 points de base du taux directeur, en le portant de 6,75% à 7,75%.
A cet égard, il a exprimé la forte préoccupation de la BCT quant aux pressions inflationnistes et leurs retombées, notamment en ce qui concerne l’inflation sous-jacente. Cette dernière qui devrait, selon ses dires, poursuivre sa tendance haussière au cours de la période à venir. Et ce, en raison des évolutions attendues pour l’ensemble des indicateurs inflationnistes.
Il a précisé que la persistance de l’inflation sous-jacente à des niveaux élevés constitue une source d’inquiétude pour l’institution d’émission dont le mandat est d’assurer la stabilité des prix. Celle-ci reste vigilante quant à l’évolution future de l’inflation et n’hésiterait pas à resserrer sa politique monétaire afin de ramener le taux d’inflation vers son niveau désiré (entre 3 et 4%), agissant ainsi sur les anticipations inflationnistes.
Par ailleurs, M. El Abassi a précisé que l’inflation est le mal le plus important qu’il faut combattre pour assurer la stabilité des prix. Et d’ajouter que s’il n’y avait pas eu les augmentations du taux directeur de la BCT en mars et juin 2018, on aurait pu se retrouver avec une inflation à deux chiffres.
Selon lui, tout sauf l’inflation, même si ces augmentations ont un impact négatif sur l’investissement et les crédits à la consommation.
Il a exprimé l’espoir de voir l’inflation baisser en 2019 à des niveaux inférieurs à 7%. Cette baisse demeure toutefois, selon ses propos, tributaire de plusieurs facteurs dont une économie réelle qui fonctionne. L’économie doit être consolidée et les mesures courageuses sont fondamentales.
D’autre part, le gouverneur a évoqué l’aggravation du déficit courant de la balance des paiements extérieurs, atteignant ainsi 11,2% du PIB en 2018 contre 10,2% en 2017 et des objectifs de 9,2%. Et ce, suite à l’aggravation du déficit de la balance commerciale qui a affecté négativement les avoirs nets en devises, revenant à 84 jours d’importation en 2018 contre 93 jours une année auparavant.
Dans le même sillage, il a relevé que le dinar s’est déprécié, en moyenne, de 12,9% contre l’euro et de 8,6% contre le dollar américain. Cette dépréciation s’est transmise rapidement aux prix intérieurs, contribuant à la persistance des tensions inflationnistes.
A cela s’ajoutent les hausses passées et récentes des salaires; qui confèrent un pouvoir d’achat additionnel; lesquels constituent la charge principale qui incombe aux entreprises, risquent d’entretenir une spirale prix-salaires très préjudiciable à l’économie.
Au final, le gouverneur a déclaré que le rôle principal de la BCT consiste en la maîtrise de l’inflation et la stabilité financière. « Nous sommes une institution crédible et nous devons prendre des décisions courageuses au moment opportun. Nous devons préserver le pouvoir d’achat du citoyen et maîtriser l’inflation », conclut-il.