La Tunisie a été frappée hier par un séisme, vu l’ampleur du drame qu’elle vient de vivre. Onze nouveau-nés sont décédés d’une infection au service de réanimation pédiatrique de l’hôpital la Rabta. Le pays est sous le choc n’ayant jusqu’à présent jamais connu de drame de cette ampleur.
A cet effet, la société tunisienne de pédiatrie dont le président est le Professeur Docteur Mohamed Douagi, a rendu public un communiqué, pour faire la lumière sur ce qui a suscité l’indignation de tous.
« La société tunisienne de pédiatrie suit avec préoccupation la situation au service de réanimation néonatale de l’hôpital La Rabta, suite aux 11 décès de nouveau-nés pour infection nosocomiale présumée.
La STP tient dans un premier temps à présenter ses condoléances aux familles des nouveau-nés prématurés qui étaient tous pris en charge pour des affections graves mettant en jeu le pronostic vital.
Les éléments de l’enquête en cours s’orientent vers une infection nosocomiale sévère dont le point de départ est un produit d’alimentation parentérale.
La STP informe que tout est fait depuis 24 h pour assurer des soins sans risque aux nouveau-nés actuellement hospitalisés et qu’aucun cas nouveau n’a été enregistré depuis 24h.
La STP rappelle qu’aucun service de réanimation au monde ne peut faire disparaître ce risque à 100% et insiste sur le degré de compétence et dévouement de l’équipe médicale et paramédicale.
La STP appelle les autorités à faire toute la lumière sur les circonstances de contamination des produits et à prendre toutes les dispositions nécessaires pour améliorer et mettre en conformité les services de soins avec les normes réglementaires.
LA STP appelle les médias à se limiter aux informations officielles sans interprétation erronée (un média parle de vaccin avec les risques que cela peut engendrer) et les citoyens à arrêter les agressions verbales contre le corps médical et paramédical qui travaillent dans des conditions très difficiles.
La STP rappelle les conditions précaires dans lesquelles exercent les professionnels de santé et l’urgence de prendre les décisions pour sauver l’hôpital public. »
Sans surprise ce drame a été suivi de la démission du ministre de la Santé, mais est-ce suffisant ? Une enquête est en cours, afin de désigner les responsables, dont aucun détail n’a jusqu’à présent été dévoilé.
Les cris d’alarme se sont multipliés ces dernières années, dénonçant la dégradation des conditions de travail dans le secteur public de la santé, de même que des preuves de négligence ont été passées sous silence. La question qui se pose est jusqu’à quand ? Jusqu’à quand cette santé publique sera-t-elle pointée du doigt et le travail des acteurs de santé rythmé par les scandales et drames de ce genre ?
De jour en jour, la médecine « made in Tunisia » caractérisée par la qualité de ses soins et par une formation synonyme d’excellence, cède sa place à une médecine à deux vitesses dont l’une qui excelle encore, notamment dans les technologies médicales de pointe, et une autre qui a des airs de médecine de guerre.
La santé publique est un acquis et le résultat de plusieurs décennies d’efforts. Il est urgent de la sauver avant qu’il ne soit trop tard.