Intitulée « Les entreprises tirent la sonnette d’alarme », la 6ème édition du Baromètre 2019, élaborée par EY Tunisie, a donné un éclairage sur le moral, les préoccupations et les perspectives des entreprises implantées en Tunisie.
L’enquête a touché 264 entreprises représentant 151 000 employés et un chiffre d’affaires global avoisinant les 31 milliards de dinars. Dans la partie liée aux perspectives de l’évolution des entreprises implantées en Tunisie, l’enquête montre que 56% de chefs d’entreprises s’attendent à une détérioration de la situation économique en 2019.
Pour Noureddine Hajji, Associé Directeur Général EY Tunisie, le baromètre 2019 révèle deux nouvelles alarmantes : un fléchissement net de la croissance des entreprises, d’un côté; et la capacité de leur résilience qui a pris un sacré coup, de l’autre, le tout en l’espace d’une seule année.
Situation économique et sociale
Les projections sur l’évolution de la situation économique et sociale du pays sont fortement similaires à l’évolution de la situation politique. D’ailleurs, 56% des dirigeants d’entreprises pensent que la situation économique va se dégrader au cours de l’année 2019.
Les projections économiques des institutions financières internationales pour l’année 2019, montrent une légère amélioration sans changement majeur de la situation. D’ailleurs, le FMI prévoit une croissance à 2,7% du PIB pour 2019, après 2,6% en 2018.
Climat des affaires
Malgré la progression de huit places réalisée dans le classement Doing Business 2019 faisant passer la Tunisie de la 88ème à la 80ème place, seuls 20% des répondants envisagent une amélioration du climat d’investissement en Tunisie courant l’année 2019. Ce résultat corrobore la stagnation de la part des investissements dans le PIB de l’ordre de 18% en 2017 et 2018, alors qu’elle était de 24,6% en 2010.
« L’environnement d’affaires mondial est trop difficile, trop concurrentiel, trop hostile pour que nos entreprises tunisiennes puissent connaitre croissance et pérennité tout en évoluant dans un cadre fait de tracasseries administratives, tensions sociales, instabilité de change, pression fiscale, etc. », souligne Sami ZAOUI, Associé Consulting EY Tunisie.
Dans le TOP 5 des préoccupations majeures des chefs d’entreprises, on en retrouve quatre identifiées l’année précédente : – la dégradation de la situation économique en Tunisie; – la dévaluation du dinar; – la qualité de service des administrations tunisiennes; – et la pression des organisations syndicales.
Prévisions pour 2019
Les prévisions des dirigeants d’entreprises sur l’évolution de leur activité sont assez optimistes. 43% prévoient une amélioration de leur chiffre d’affaires et 43% prévoient sa stabilité.
Le secteur des TIC se démarque encore une fois, avec 59% des dirigeants qui prévoient l’amélioration de leur chiffre d’affaires, suivi du secteur automobile avec 48%.
Ces deux secteurs étant essentiellement exportateurs vers l’Europe bénéficient en principe d’un effet de change positif sur leur chiffre d’affaires. Toutefois, le risque de l’affaissement de la dynamique économique en Europe en 2019 est réel avec une projection de seulement 1,6% de croissance contre 1,9% en 2018.
Pour l’année 2019, le TOP 3 des éléments influents sur le développement de l’activité des entreprises, est le même que lors du Baromètre 2018 : – l’évolution de la conjoncture économique sociale; – l’évolution de la situation politique; – et du cadre d’investissement en Tunisie.
Pour EY, ces éléments ne sont pas perçus avec le même niveau de priorité selon la taille de l’entreprise : 93% des grandes entreprises estiment que l’évolution du cadre d’investissement est parmi les éléments les plus influents; contre environ 32% pour les petites et moyennes entreprises.
Ce qui change pour cette édition, c’est la sortie de l’évolution de la situation sécuritaire du TOP 5 des éléments influents sur l’activité des entreprises, contrairement aux années précédentes (2017 et 2015).
Situation interne
Pour l’année 2019, les chefs d’entreprises affichent leur pessimisme. Uniquement 40% des dirigeants d’entreprises projettent une amélioration de leur situation interne contre 60% en 2017. De plus, 12% estiment que cette situation se dégradera contre seulement 5% en 2017.
Néanmoins, 53% des dirigeants opérant dans le secteur automobile voient que leur situation interne va s’améliorer au cours de l’année 2019, c’est le secteur le plus optimiste quant à l’amélioration de la situation interne de ses entreprises.
S’agissant de l’investissement et des emplois, les dirigeants d’entreprises sont en ligne avec leurs perspectives pessimistes par rapport aux projections futures de leur activité et montrent une attitude vigilante. Seuls 35% des répondants déclarent une intention d’augmenter leurs investissements pour 2019 contre 48% pour l’année précédente.
L’analyse sectorielle de l’enquête montre que 48% des dirigeants d’entreprises du secteur des TIC prévoyaient d’augmenter leurs investissements en 2018, contre 30% seulement pour l’industrie.
Au plan des perspectives d’évolution, le partenariat avec d’autres entreprises / institutions est la modalité la plus retenue par les dirigeants d’entreprises, en termes d’évolution selon le contexte actuel. Ce choix se maintient depuis 2015.
EY Tunisie constate une plus grande aversion au risque. En effet 29% des répondants n’envisagent aucune évolution pour 2019. De plus, les intentions de diversification ont diminué de 17% entre 2017 et 2018.