L’Institut Tunisien des Etudes stratégiques (ITES) a présenté aujourd’hui, 12 juillet, la Charte des réformes majeures stratégiques.
L’événement a eu lieu à l’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts (Beït al Hikma) . En effet, le document en question s’étale sur 324 pages. Il propose, à la fois, un diagnostic et des solutions pour plusieurs secteurs stratégiques. Il s’agit de l’économie, économie parallèle, agriculture, caisses sociales, tourisme, jeunesse, formation professionnelle, éducation, enseignement supérieur, l’administration, culture, santé, sport, médias et image. Ainsi ce document se veut exhaustif et global.
Notre propos dans cet article est de braquer la lumière sur les réformes économiques que prévoit le document. D’ailleurs, cette charte s’inscrit, comme l’affirme le directeur de l’ITES, Néji Jalloul, dans le cadre du soutien aux efforts du gouvernement dans sa démarche de réformes. Exposant son point de vue sur les réformes, Néji Jalloul a affirmé que toute réforme ne peut être qu’impopulaire. « Il n’existe pas de réformes populaires », lance-t-il. Par ailleurs, il a affirmé qu’en dépit de leur impopularité, les réformes ne peuvent qu’être bénéfiques pour l’économie.
Le directeur de l’ITES affirme également qu’il faut garder les réformes loin des tractations idéologiques, politiques et partisanes. Le refus du changement fait que la mise en place des réformes devient difficile. A cet égard, il a rappelé son expérience en tant que ministre d’Education. Pour lui, les syndicats ont refusé toutes ses réformes. Ainsi, la réforme ne peut être que consensuelle pour pouvoir l’appliquer facilement.
Taoufik Rajhi, ministre auprès du chef du gouvernement, chargé des Grandes réformes, a affirmé que le document proposé par l’ITES rejoint la vision de la Présidence du gouvernement. De ce fait, le gouvernement a procédé à de grandes réformes structurelles, transversales et sectorielles. Pour lui, la première priorité est le changement du modèle de développement actuel. « Cela se fait uniquement à travers les réformes et rien que les réformes », insiste-t-il.
Le ministère a fait savoir que le gouvernement a réalisé un certain nombre de progrès dans la mise en place des réformes. Il a affirmé que les réformes majeures ne se font pas uniquement par le gouvernement. « Nous avons réalisé des réformes majeures en collaboration avec les syndicats, l’Assemblée des représentants du peuple, la consultation avec les partis politiques, la société civile, étaye-t-il. Revenant sur les réformes majeures sectorielles, le ministre a rappelé que les recommandations issues du dialogue national sur la santé, le transport, les mines les ont facilitées. Actuellement, la présidence du gouvernement s’apprête à organiser de nouveaux dialogues à l’échelle nationale sur le tourisme et l’agriculture.
En ce qui concerne, les réformes transversales, le ministre a affirmé que le dossier de la réforme de l’administration et de la fonction publique est en bonne voie. D’ailleurs, des négociations se déroulent avec les partenaires sociaux sur la réforme de la loi qui régit la fonction publique. A propos du système de subventions, le ministre déclare que ce dossier avance grâce à l’identifiant unique. Dans la même perspective, il a fait savoir que les coûts de la subvention des produits de base et de l’énergie ont atteint des sommes exorbitantes. En effet, la situation de plusieurs entreprises publiques a été examinée. D’ailleurs, le gouvernement a opté pour la solution au cas par cas.
Quant à l’économiste Mongi Safra, il a pris soin de présenter les réformes économiques prioritaires qui figurent dans la charte. Pour lui, la première priorité est la réforme fiscale. Ainsi, il a plaidé pour le regroupement de toutes les mesures fiscales dans un nouveau code fiscal. La deuxième urgence est la réforme du Code du change : « Nous avons le même code depuis 1958. Il n’a été revu qu’une seule fois en 1976 », prévient-il. Dans le même sillage, il a affirmé que tous les codes ont été amendés à l’exception du Code du change. La Tunisie doit s’ouvrir davantage sur les marchés internationaux et profiter de l’emplacement stratégique de l’Afrique pour renouer avec les 5% de croissance. Le secteur public doit être réformé en termes de gouvernance dans le sens de plus d’autonomie pour les entreprises publiques, en partenariat avec le privé.