Selon une enquête, environ 2700 ouvriers- pour la plupart de jeunes asiatiques travaillant sur les chantiers des stades- sont morts entre 2012 et 2018. En cause: la chaleur extrême qui sévit au Qatar.
C’est un chiffre terrifiant : selon le prestigieux quotidien britannique The Guardian, environ 2 700 ouvriers népalais et indiens sont morts entre 2012 et 2018. Et ce, sur les chantiers titanesques des neuf nouveaux stades prévus pour accueillir la Coupe du monde 2022 au Qatar.
Des chiffres qui font froid dans le dos
En effet, la longue enquête menée par ce média porte sur 2 000 ouvriers recrutés à l’étranger, notamment en Inde et au Népal. Ils seraient décédés de « mort naturelle ». Beaucoup seraient des jeunes hommes morts dans leur sommeil.
Alors, quelle est l’explication de ce phénomène macabre? A cet égard, force est de constater que les travailleurs sur les chantiers du Qatar s’exposent à une chaleur extrême. Elle avoisine les 50 degrés pendant 10 heures par jour. Selon un cardiologue, ce « stress thermique » est à l’origine des arrêts ou des crises cardiaques; ainsi que des accidents cardiovasculaires et des insuffisances respiratoires.
Or, il a été démontré que ces phénomènes ne sont pas propres uniquement au Qatar. Ils se vérifient dans d’autres pays du Golfe. Lesquels font appel à de la main-d’œuvre étrangère à bas prix. Et de nombreux ouvriers y trouvent la mort dans des circonstances identiques.
« Cela ne se passe pas seulement au Qatar… Des statistiques horribles montrent maintenant l’ampleur des décès de travailleurs migrants aux Émirats arabes unis. 5 185 Indiens y sont morts entre 2012 et 2017. Les ambassades ont rapporté que 70% d’entre eux ont eu des crises cardiaques. Ce qui signifie qu’elles n’ont aucune idée de la façon dont ils sont morts », a constaté The Guardian.
En dépit de l’ampleur de ces « morts naturelles », les autorités sanitaires qataries n’ouvrent pas d’enquête et n’organisent pas d’autopsie. Excepté en cas de suspicion de crime ou de maladie grave ayant entraîné la mort.
Un représentant du gouvernement qatari a indiqué que les familles des défunts doivent approuver une autopsie avant qu’elle ne soit pratiquée. Or, plusieurs familles de victimes, avec qui The Guardian s’est entretenu, affirment qu’aucune demande ne leur est parvenue.
De l’esclavage moderne
Rappelons à ce propos que depuis plusieurs années, les conditions de travail de ces ouvriers sont décriées par les organisations humanitaires. Mais la chaleur, la surcharge de travail et l’insécurité semblent laisser les dirigeants de la FIFA de marbre.
Il est à noter que le Qatar a été officiellement choisi pour accueillir la Coupe du monde 2022. Or, ce petit émirat gazier manque terriblement de main-d’œuvre qualifiée pour construire neuf nouveaux stades et en rénover trois. D’où le recrutement massif d’ouvriers asiatiques à bas prix et dans des conditions similaires à l’esclavage moderne.