On peut aujourd’hui légitimement s’interroger sur les limites du respect, par une large frange de la société, des différentes décisions et mesures prises dans le cadre du confinement général. Et ce, pour faire face à la propagation en Tunisie du Covid-19. Un virus qui fait des milliers de victimes dans le monde.
En effet, aux motifs de prévention et de protection, la Tunisie prenait certaines mesures pour faire face aux dangers du coronavirus. Et ce, avant même que le nombre des personnes contaminées par le coronavirus ne dépasse les dix cas. Puis, d’autres se prenaient dans l’urgence, avec le confinement général. Après les différentes annonces du ministère de la Santé sur la situation qui se compliquait davantage.
Toutefois, et malgré les dangers que présente le virus sur la vie des personnes, les dépassements des mesures du confinement général enregistrés ont enflammé la toile. Ils ont provoqué aussi une large polémique sur les réseaux sociaux et dans les médias de la place.
Malgré les mesures exceptionnelles prises par plusieurs institutions financières, administrations publiques et département ministériels, plusieurs centaines de personnes continuent à faire la queue devant les bureaux de postes, les agences bancaires et les bureaux des caisses sociales. Et ce sans compter le nombre des personnes qui quittent leur domicile pour motifs familiaux (mariages, visites…), professionnels ou autres.
Face au non-respect de la loi en vigueur, lundi 23 mars 2020, la directrice de l’Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes Nissaf Ben Alaya a officiellement tiré la sonnette d’alarme. « Si le confinement n’est pas respecté, chaque tunisien risque de perdre un proche ! », s’alarme Nissaf Ben Alaya.
Comment expliquer la nonchalance ?
Dans la même journée, l’après-midi du 23 mars, le président de la République a annoncé le déploiement de l’armée. Elle a pour mission d’aider à respecter les mesures du confinement général. Plusieurs personnes ont été arrêtées pour non-respect de la loi.
Alors, comment expliquer alors la nonchalance de plusieurs citoyens observée ces derniers jours ? Quant à ce réel danger qui menace la survie de l’humanité. Avec l’absence, à ce jour, d’un système de dépistage et d’un vaccin contre ce virus.
D’abord, il faut noter ambiguïté du premier discours du chef de l’Etat consacré à l’annonce du confinement général dans le pays. Pour certains, ce discours n’était pas suffisamment clair. Il a laissé beaucoup de place à l’interprétation. Car il n’a pas bien expliqué les modalités de son application.
Fort heureusement, le discours prononcé, le lendemain à une heure tardive, par le chef du gouvernement tentait de calmer les esprits. Et ce, en précisant les professions appelées à se maintenir en activité. Celles considérées comme des cas de force majeure prévus par le confinement général. Notons que bon nombre de mesures étaient prises au titre du soutien aux entreprises touchées.
Confinement total et approvisionnement
S’agissant du citoyen lambda, le confinement général, cherchant à limiter la casse, prévoit, entre autres, l’autorisation par exemple aux petits commerces d’assurer aux citoyens l’approvisionnement en alimentation et en produits de première nécessité. Mais cela a provoqué une pénurie de certains produits.
Ceci est dû notamment à l’interdiction et la limitation des déplacements entre les villes. Cette mesure a empêché plusieurs grossistes-livreurs d’assurer ce service pour approvisionner les épiciers du coin. Pour le pain, par exemple, on a observé des dizaines de personnes faire la queue devant les boulangeries!
Comment convaincre de rester chez eux des millions de personnes, ceux qui vivent au jour le jour et à faibles revenus? Une équation difficile. C’est l’enfer pour certains. Limiter le risque de la saturation dans les endroits de proximité et des services aux citoyens est une épreuve qui requiert davantage d’efforts, de réflexion et d’organisation. On est encore au début d’une catastrophe annoncée.