Nous y sommes enfin… à l’aube d’une nouvelle ère qui déterminera irrémédiablement les nouveaux fondamentaux d’un avenir dystopique ou radieux pour l’ensemble de la biosphère.
Nul besoin de rappeler ce qu’est le coronavirus, les symptômes de la maladie, les risques, les statistiques, les mesures et autres informations que l’homo-economicus a “miraculeusement” assimilé à coups d’auto-matraquages dus à la sur-connection et l’auto-confinement. L’instinct de survie ne fait aucun cadeau et dans ce genre de situations complexes, la masse a tendance à fuir le sentiment d’impuissance en se réfugiant dans l’oasis des illusions certaines.
Arthur Schopenhauer disait : « Toute vérité passe par trois étapes, d’abord elle est ridiculisée, ensuite elle est violemment combattue et enfin elle est acceptée comme une évidence. »
Aujourd’hui, un agent pathogène menace le globe entier, une crise économique sans précédent promet un effondrement systémique au sein des giga-panthéons financiers créant une réaction en chaîne catastrophique dans le monde corporatif et pour clore les césars de ce premier trimestre, une nuée de criquets pèlerins menace d’une famine inédite les pays les moins touchés par la pandémie.
Pour parer à ces menaces apocalyptiques, on confine simplement les gens chez eux pour éviter un pic pandémique, on fait tourner la planche à billets pour renflouer les caisses avec de vrais faux billets et on pulvérise à outrance des pesticides hautement toxiques/mutagènes (Chlorpyrifos, teflubenzuron, deltamethrin) sur les zones sinistrées. Prodigieux.
La terre se gratte. Pour survivre, il faut apprendre à observer, réfléchir et s’adapter. Il faut être aveugle pour ne pas voir que nous sommes en pleine crise évolutive. Une crise évolutive qui impose un changement drastique des normes fondatrices de notre néo-civilisation moderne. Le système économique ultra-libéral monétariste et mondialisé à l’excès nous montre aujourd’hui ses limites en s’amputant de ses excroissances les plus gangrenées. La purulence vient à peine de faire surface et certains pessimistes commencent déjà à parler d’apocalypse. Non, ce n’est pas le début de l’apocalypse si l’humanité entière se rend compte de la nécessité absolue de passer à un nouveau stade de l’évolution.
Charles Darwin disait : « Ce n’est pas la plus forte des espèces qui survit, ni la plus intelligente. C’est celle qui est la plus adaptable au changement, qui vit avec les moyens disponibles et qui coopère contre les menaces communes.»
Le Covid19 vous effraie ?
Vu les circonstances, la question est évidemment sarcastique. Il existe une quarantaine de souches de Coronavirus. Toutes disposent d’un haut pouvoir de mutation grâce à un arsenal génétique simple et hautement versatile. En effet, à l’instar du morbillivirus de la rougeole, du filovirus Ebola, des grippes diverses ou encore de l’Hepacivirus (hépatite), les virus à ARN monocaténaires (un seul brin, donc recombinaisons aléatoires des gènes extrêmement courantes) sont très abondants dans la nature et certaines souches ont démontré une remarquable aisance dans le passage de l’animal à l’homme. Sans revenir sur la genèse de la pandémie actuelle à Wuhan (sujet encore à controverse), n’oublions pas de mentionner :
La maladie de Marburg (filovirus), la rage (Lyssavirus), le Chikungunya (Alphavirus), la Dengue (Flavivirus), la maladie d’Armstrong (Arenavirus), le MERS-Cov (Coronavirus) , le SRAS-Cov (Coronavirus), la grippe aviaire et porcine (Alphavirus)… La liste des pathologies virales transmises de l’animal à l’Homme ne fait que s’allonger au fil des années. Et pour cause…
Compte tenu de la nature intrinsèque des virus à ARN monocaténaire, l’apparition de nouvelles maladies émergentes dotées d’un fort potentiel pandémique n’est pas surprenante en soit.
En effet, si le confinement vous donne déjà de l’urticaire, imaginez ce qui arrive dans l’un des élevages d’où provient le steak que vous gardez religieusement au fond de votre réfrigérateur en ces temps de crise. Confinés, baignant dans leurs détritus et leur pitance quotidienne, il n’est pas rare qu’un agent hautement pathogène se développe et contamine l’intégralité d’une population animale déjà dopée aux antibiotiques ou aux hormones de croissance. Cette immonde promiscuité a déjà engendré des problématiques sanitaires d’une ampleur catastrophique. Les cas de grippes aviaires ou porcines sont de notoriété publique. Les virus mutent rapidement et ce, souvent, sans le concours de l’activité humaine. Mais si cette dernière se rendait directement responsable de la transformation d’une algue (organisme pluricellulaire détenant une machinerie bio-moléculaire plus complexe et plus stable), dans ce cas, le scepticisme n’a plus raison d’exister.
En 1997, au Maryland (USA), la mutation d’une algue commune a donné naissance à Pfiesteria piscicida, une algue tueuse qui a provoqué une hécatombe chez la faune marine de la région (en dévorant littéralement la chair des poissons) avant d’infecter l’Homme en lui causant des troubles neuropsychologiques. Diverses tentatives pseudo-scientifiques avortées ont tenté de disculper l’algue et pour cause… La mutation était due aux effluents hautement pollués que rejetaient les éleveurs industriels de porcs dans la baie de Chesapeake, berceau de la menace.
Avec la croissance démographique, certaines pratiques d’un âge révolu deviennent irrémédiablement insoutenables et menacent directement la stabilité de notre civilisation. Il faut abolir les élevages industriels, voire même aller plus loin. Le système actuel, basé sur une croissance infinie dans un monde qui nous a une fois de plus démontré ses limites, est voué à sa propre destruction par ses profonds antagonismes. Ce n’est qu’une question de temps.
L’alternative existe déjà pour les carnistes réticents aux changements. L’une des actions effectives qui pourraient drastiquement et efficacement changer la donne serait d’investir dans l’une des plus prometteuses technologies de rupture de cette ère : La viande synthétique.
En effet, sans aborder le côté éthique ou écologique de cette option, la viande synthétique offre des avantages non négligeables dans l’éradication complète des risques de zoonoses émergentes. Cette technologie est mature et prête pour l’exploitation commerciale (dans un marché de 180 milliards d’euros/an) depuis plus d’une vingtaine d’années. Elle repose sur la culture en bioréacteurs de cellules souches minutieusement sélectionnées. La Start-up néerlandaise « Mosa Meat » promet des steaks cultivés In vitro accessibles au grand public dès 2021. Certains milliardaires américains tels que Richard Branson et Bill Gates ont déjà pris le train en marche en finançant la Start-up américaine « Memphis Meats ».
Pour démocratiser cette technologie, un seul mot d’ordre : l’investissement (productif). Les états, les institutions internationales et les privés doivent impérativement prendre conscience de leur rôle et faciliter la transition des acteurs déjà présents sur le marché ou de permettre l’émergence des nouveaux.
En outre, tous les experts économiques s’accordent à dire que nous sommes à l’aube d’une crise économique majeure induite par un « Credit Crunch » qui entraînerait très prochainement une faillite de plusieurs entreprises. L’interconnexion bancaire due à la mondialisation financière, les problèmes d’approvisionnement, l’arrêt de la production et le ralentissement du commerce causés par le confinement/la quarantaine sont les conséquences directes des limites humaines face aux crises pandémiques.
En réponse à ces faiblesses, il est impératif d’accélérer la transition industrielle et l’adoption de l’intelligence artificielle dans plusieurs secteurs essentiels. En effet, les robots ne craignent pas et ne transmettent pas les agents pathogènes.
Les gestionnaires de fonds appellent aujourd’hui les états à développer des mesures fiscales extraordinaires pour rassurer les marchés et les investisseurs… Mais le spectre de la récession plane au-dessus du monde entier car la pandémie ne compte pas décélérer (paradoxalement, grâce à la prise de conscience progressive des populations qui rallonge la période d’acquisition d’une immunité collective en adoptant le confinement ad-hoc).
En clair, la robotisation progressive des chaînes logistiques et des unités de production essentielles, l’intégration généralisée d’une intelligence artificielle dans les processus de gestion de ressources et de crise pourraient faire office de barrières effectives aux pandémies sans pour autant impacter de manière aussi chaotique l’économie. Notons que ces nouvelles technologies ont massivement aidé la Chine à endiguer l’épidémie de manière extrêmement efficace : Surveillance et traçage de la population, livraisons par drones, intelligence artificielle et cartographie prédictive, Block Chain et cryptomonnaie (diminuer les contaminations via l’argent liquide), ect. N’oublions pas qu’il y a une après crise à la crise. Evitons les cercles vicieux.
Ces alternatives pragmatiques pourraient déjà massivement réduire l’impact de l’Homme sur l’apparition de nouvelles zoonoses et orienter les efforts de la communauté scientifique internationale vers la prévention d’éventuels agents émergents dont l’humanité ne soupçonne même pas l’existence.
Les activités humaines (industries extractives, manufacturières, agroalimentaires et transports) sont très souvent pointées du doigt car certains pensent que l’auto-flagellation est la meilleure voie vers la sensibilisation. Cependant, il est indéniable que l’Homme, soumis au système qu’il a mis en place, s’est détaché de certaines réalités physiques qui impactent directement sa survie en tant qu’espèce au sein de son biotope. Afin de mettre d’emblée les pieds dans le plat, notons que le réservoir gigantesque de germes potentiellement mortels sommeille encore aujourd’hui dans des niches écologiques confinées.
Certes, malgré toutes les précautions prises par les professionnels, certaines de ces niches comme les puits de pétrole, le schiste, nappes d’eau fossiles, ect peuvent libérer malencontreusement des agents pathogènes aussi archaïques qu’inconnus et qui ont probablement le pouvoir de déclencher une extinction de masse (chez les animaux ou l’Homme). Cependant, le monde devrait beaucoup plus craindre une fonte des glaciers due au réchauffement climatique (naturel ou causé par l’activité humaine, c’est un autre débat) ainsi que les profonds changements que cela produit avec les menaces déjà présentes.
Le 7 janvier dernier, une équipe sino-américaine a publié les résultats d’une étude portant sur les glaciers de l’Himalaya. L’analyse des carottes extraites a mis en évidence pas moins de 28 groupes de virus totalement inconnus du monde scientifique. Un seul pourrait rayer l’humanité de la carte s’il s’avérait pathogène et si son extraction n’a pas été suivie par un protocole de confinement… Comme c’est le cas quand… un glacier fond sous le soleil.
Mais ce monde inconnu et terrifiant n’a rien à envier à celui que nous connaissons. Car la nature n’a pas dit son dernier mot.
En effet, des scientifiques britanniques ont publié en 2017 une étude troublante dans la revue Nature (https://www.nature.com/articles/s41598-017-06948-9). On y apprend que l’Afrique n’est plus la seule région à être concernée par les maladies vectorielles (zoonoses) originaires de l’ancien continent. L’Europe et l’Amérique commencent déjà à voir apparaitre des récurrences troublantes de pathologies virales ou parasitaires africaines. Par exemple, le paludisme, est désormais observé en Colombie. La fièvre catarrhale ovine, maladie virale originaire des pays du Sud ne cesse de progresser vers le nord de l’Europe, sans oublier la maladie de Lyme (bactérie Borrelia burgdorferi, portée par les tiques), la maladie du charbon (bactérie Bacillus anthracis), la douve du foie (maladie affectant les moutons, liée au parasite Fasciola hepatica) et surtout le choléra (dû à la bactérie Vibrio cholerae).
Il ne faut pas uniquement se focaliser sur la hausse de température quand il s’agit d’analyser des facteurs climatiques qui sont, selon cette étude, responsables de 63% de ces pathologies émergentes. Certains paramètres (la température, l’humidité, le niveau des précipitations, l’eau ou les sols,…) rendent toute modélisation prédictive impossible à nos jours. Le défi est, donc, planétaire et la coopération internationale devrait se focaliser sur la sincère réévaluation de certains paradigmes afin d’éviter l’ascension de l’éco-fascisme, des malthusiens de la décroissance et des frustrés du repli identitaire.
Face à de telles menaces, l’unique solution est d’approfondir la coopération internationale sous tous ses aspects et revoir le modèle extrêmement friable de l’actuelle mondialisation car il a clairement démontré ses limites. L’actualité nous donne une première esquisse des débouchés de plusieurs modèles trophiques entre les nations. D’un côté, une Chine qui propose un soutien logistique, technique, médical et humain aux pays qui les ont réclamés mettant, de ce fait, les jalons d’un nouveau modèle de gouvernance mondiale basé sur d’authentiques rapports gagnant-gagant. De l’autre, Une Amérique de plus en plus isolationniste qui, selon le quotidien allemand Die Welt (15 Mars), essaie de s’accaparer le laboratoire CureVac qui aurait pris une avance considérable dans le développement d’un vaccin contre le Cov19.
Qu’on le veuille ou non, Darwin avait raison.