Décidément la date du 15 juillet de cette année est à souligner bien en gras. Sur le plan politique cela s’entend. Contre toute attente, le glas de l’actuel gouvernement a sonné. Alors que l’opinion publique s’attendait à un duel harassant entre le chef du gouvernement et le mouvement Ennahdha, Elyès Fakhfakh a choisi de couper court aux escarmouches en démissionnant.
Elyes Fakhfakh jette l’éponge et surprend même certains de ses proches, il démissionne de son poste. Alors que nombreux croyaient qu’il « ne se laisserait pas faire » aussi facilement. Faisant déjouer de la sorte les pronostics. Tout en faisant savoir que le bras de faire entre lui et Ennahdha était loin d’être terminé.
Démission surprise…
L’annonce de sa démission aux premières heures de la matinée du 15 juillet a, en quelque sorte, surpris réellement sur deux plans. D’abord pour le timing, puisque connaissant l’homme, son franc parler et sa ténacité dans ses prises de position, il était conséquent de croire que les joutes accusatrices entre lui et ses détracteurs – nombreux, il faut le dire dans divers cercles dits » influents »- n’allaient pas cesser.
Ensuite en opportunité. Le chef du gouvernement sortant tient à montrer qu’il est le seul maître du jeu. Maître de ses décisions.
Le duel annoncé entre lui et ses détracteurs politiques a fini par atteindre un point de non-retour. Se caractérisant par, depuis quelque temps, une fin de non-recevoir aux exigences « pressantes » du parti Ennahdha qui le pressait de jeter du lest. Et d’accepter d’élargir la ceinture politique de la coalition au pouvoir.
L’affaire récente du conflit d’intérêts qui a gravité autour de la personne de Fakhfakh en sa qualité de chef du gouvernement, a créé une avalanche de critiques et de remises en question. Dont l’onde de choc n’en finit pas de se faire sentir jusqu’à présent.
Personne ne se leurre aujourd’hui que cela a été une pure question de hasard que cette affaire de société « dévoilée », est en fait un concours de circonstances « malheureux ».
Il s’agit bien d’une orchestration commanditée et mise en pratique par les adversaires de Fakhfakh. Le résultat est ce que l’on sait, et principalement, ce cafouillis d’événements qui n’a pas fini de nous surprendre. Ainsi que de jeter de l’huile sur le feu dans une situation politique ouverte à toutes les suppositions et aux scénarios les plus audacieux, farfelus même.
Elyès Fakhfakh maître du jeu ?
Preuve a été donnée que Fakhfakh, en se dressant en ultime recours contre le projet d’Ennahdha de proposer l’élargissement de l’exécutif, a clos le débat en coupant l’herbe sous les pieds de son adversaire par sa démission.
Pour preuve et en guise d’acte de refus irrévocable, le communiqué qu’il a publié le 13 juillet dans lequel il faisait état clairement de sa décision d’écarter Ennahdha du gouvernement. Il aurait, selon certains, franchi le seuil du « tolérable ». Un constat de divorce sans appel.
La suite, on la connaît qui se caractérise par une cascade d’événements menant vers l’issue fatale. Accusant le coup, la majorité des membres de la Choura d’Ennahdha ont riposté en lançant une motion de défiance rendue caduque par la démission du chef du gouvernement qui l’a précédée. Et donnant ainsi l’avantage au président de la République qui lui aurait « soufflé » de se démettre.
Une nouvelle page est tournée, non définitivement puisque des éclaboussures persistent et qu’elles ne manqueront pas d’influer dès aujourd’hui le cours des événements.
Déjà, un nouveau duel inaugure cette nouvelle étape. Celui du président de la République avec Rached Ghannouchi. Un autre cafouillis qui n’en finira pas de nous surprendre. Un bras de fer engagé depuis la prise de fonctions du désormais ex-chef du gouvernement.