Soucieux de voir leurs enfants reprendre le chemin de l’école après six mois d’interruption des cours; les parents craignent cependant pour leur santé. Entre l’appel des syndicats de l’Enseignement à boycotter la rentrée scolaire. Et les déclarations des professionnels de la santé qui se veulent rassurants. Ils ne savent plus quoi faire. Et c’est compréhensible.
Jamais une rentrée scolaire n’a posé autant de problèmes aux parents. Avec la recrudescence inquiétante des cas de contamination par la pandémie de Covid.
En effet, ils ne savent plus où donner de la tête. Partagés qu’ils sont entre l’envie de voir leurs progénitures reprendre le chemin de l’école après six mois d’interruption des cours et le risque de les voir attraper cette sale maladie. Un choix cornélien.
Sentiment de désordre
Alors qu’en plus des parents livrés à eux-mêmes, on a du mal à dissiper le flou qui caractérise la communication du gouvernement. Notamment celle du ministère de l’Education et celle du ministère de la Santé. Et ce, pour ce qui est des mesures préventives pour protéger les enfants contre ce fléau, en milieu scolaire.
S’ajoutent à ce sentiment de désordre, les déclarations contradictoires émises par le ministère de l’Education. De même que celles des syndicats de l’enseignement. Lesquels n’arrivent pas à accorder leur violon. Car a-t-on les moyens de fournir des bavettes et du gel hydro alcoolique à tout le monde? Quid de la rentrée des classes un jour sur deux? Est-il possible de réduire le nombre d’élèves à 18? Enfin, la distanciation physique est-elle possible dans des classes traditionnellement surchargées, notamment en milieu rural?
Et que dire des syndicalistes du secteur du transport public qui ont eu le tact et la délicatesse de choisir la date de la rentrée scolaire pour annoncer une grève générale les 15 et 16 septembre. Soit la première et la deuxième journée de la rentrée scolaire 2020-2021? Ajoutant ainsi du chaos au chaos!
L’Etat sur tous les fronts
Pourtant, le ministère de l’Éducation n’a pas lésiné sur les moyens pour réussir la rentrée scolaire; en dépit des moyens squelettiques de l’Etat.
Ainsi, le nouveau ministre Fathi Salaouti a annoncé que huit millions de dinars ont été alloués pour équiper les établissements d’enseignement, à l’occasion de la rentrée scolaire 2020/2021. Il a fait savoir que 2,215 millions d’élèves rejoindront progressivement les bancs des écoles à partir du 14 septembre.
Par ailleurs, le ministère de l’Éducation fournira 160 mille masques à usage unique, 80 mille masques à usage multiple, 3300 litres de gel désinfectant et 4000 appareils de mesure de température.
« Opération suicide » selon le syndicat
Autre son de cloche de la part des syndicats. Ainsi, le sinistre SG du syndicat de l’enseignement secondaire, Lassaâd Yaâkoubi, qui se prend souvent pour le ministre de l’Education, a annoncé que le maintien de la rentrée scolaire pour le 15 septembre est « une opération suicide ». Et ce, dans le contexte actuel de la reprise de la circulation du coronavirus.
A titre d’exemple, les deux syndicats de l’enseignement de base et secondaire à Sousse ont menacé de boycotter la rentrée scolaire dans tous les établissements d’enseignement de la délégation de Msaken. Laquelle a enregistré 169 cas de Coronavirus.
Pour un retour normal à l’école
Toutefois, les professionnels de la santé, notamment la Société tunisienne de pédiatrie (STP), ont recommandé « le retour normal et sans interruption de l’école ». Et ce, tout en appelant à respecter les règles barrières pour les enfants, enseignants et administratifs.
Ainsi, la Société tunisienne de pédiatrie (STP) pointe du doigt les conséquences « multiples et graves » de la déscolarisation prolongée, à savoir: une augmentation des accidents domestiques; de l’agressivité; une recrudescence du taux de suicide et de la délinquance; l’exacerbation des inégalités sociales et éducatives; une fracture numérique etc…
Pour rappel, la STP justifie cette décision par des données épidémiologiques nationales et internationales. En effet, l’enfant joue un rôle faible dans la transmission de l’infection. Et ce, que ce soit de l’enfant à l’enfant ou de l’enfant à l’adulte.
Ainsi, « à la date du 1er septembre, les 248 enfants testés positifs étaient tous asymptomatique. Et aucun d’entre eux n’a été hospitalisé ». C’est ce qu’on peut lire dans un communiqué de l’ASP.
Enfin, notons que la rentrée scolaire 2020-2021 aura lieu ce mardi 15 septembre de manière progressive. Plus de 2 millions 215 mille élèves reprendront les cours. Et ce, après une interruption d’environ six mois, en raison du confinement total décrété en Tunisie en mars dernier, suivi des vacances d’été.