Le député du Courant démocrate Hichem Ajbouni n’écarte pas l’éventualité de lancer une nouvelle motion de censure contre le président du Parlement. En a-t-il les moyens? Et sur quelles voix supplémentaires compte-t-il pour atteindre le quorum de 109 voix? A moins qu’il ne cache des jokers dans ses cartes. A suivre.
Une seconde tentative visant à déloger Rached Ghannouchi de son Perchoir sera-t-elle couronnée de succès? La question se pose avec insistance. D’autant plus que l’indéboulonnable président de l’ARP se maintenait déjà à son poste le 30 juillet 2020. Et ce, lors de la séance plénière consacrée à l’examen de la motion de censure lancée contre lui. Une motion votée par 97 députés; n’atteignant pas, cependant, les 109 voix requises pour son adoption.
Car, rappelons que la motion en question avait été déposée par le Bloc démocrate réunissant: Attayar; le Mouvement Echaâb; le bloc de la Réforme nationale; le bloc national; ainsi que du bloc de Tahya Tounes. Les élus du Parti destourien libre (PDL) rejoignaient, par ailleurs, les signataires de la motion d’éviction de Ghannouchi.
Une éventualité « à ne pas écarter »
Alors, Hichem Ajbouni revient à la charge. Puisque le député du Courant démocrate « n’écarte pas » l’éventualité de lancer une nouvelle motion de censure contre le président du Parlement.
En effet, il se déclare insatisfait, et il n’est pas le seul, par la manière dont le Parlement est géré. Ainsi que par la contre-performance de la première vice-présidente du Parlement, Samira Chaouachi.
De même, Hichem Ajbouni évoquait, lors de son intervention hier jeudi sur Mosaïque FM, la rentrée parlementaire; émaillée notamment par différents dépassements observés.
Un exemple? Lors de la plénière du mardi 6 octobre, Rached Ghannouchi aurait débarqué à 17h00. Pour ensuite faire l’appel et décider que le quorum des députés n’avait pas été atteint. « En contradiction avec l’article 109 du règlement intérieur de l’ARP ». Puis, il serait reparti sans même lever la séance.
Le travail à distance pointé du doigt
D’autre part, l’élu d’Attayar émet également des réserves sur la question relative à l’adoption du projet relatif aux mesures exceptionnelles pour la pérennité du travail au Parlement. En clair, le travail à distance « qui n’est pas prévu par la Constitution ».
A cet égard, il ajoute: « La Constitution prévoit un changement d’endroit dans des situations exceptionnelles; et non dans le cas travail à distance. Il est possible de travailler avec deux groupes dans les deux locaux du Parlement. »
« A moins qu’il ne s’agisse de lois en lien avec la crise Covid-19 ou la Cour constitutionnelle, je ne vois aucune urgence ». Car, souligne encore Hichem Ajbouni, « voter des lois sans débat n’a aucun sens ».
Avec quelle majorité?
Reste à savoir si, dans l’éventualité d’une nouvelle motion de censure contre le président de l’ARP, le quorum de 109 voix serait atteint. Car, le Bloc démocrate, même s’il était rejoint par le PDL d’Abir Moussi, ne dispose actuellement que de 97 voix. Par conséquent, les 12 voix manquantes ne peuvent être puisées que dans le réservoir du parti Qalb Tounes (38 voix) et celui des députés indépendants.
Si Hichem Ajbouni ne parlait pas à la légère cela signifierait qu’il aurait eu probablement des « assurances » de la part de Nabil Karoui ou des députés errants sans domicile fixe.
Or, tourner sa veste est un exercice où nos politiques excellent.