L’évolution trimestrielle de la productivité et des sources de croissance sectorielles de l’économie tunisienne montre que tout semble aller, d’ici fin 2020. Et ce, dans le sens de la baisse accélérée de la productivité.
En 2020, le recul de la valeur ajoutée a marqué la quasi-totalité des différentes activités de l’économie nationale. Peu nombreuses sont les activités où la productivité du travail et la productivité du capital ont enregistré une hausse. Et ce, durant tous les mois écoulés de l’année en cours. Cette tendance a été confirmée par la baisse de 10% du PIB au cours des neuf premiers mois de 2020.
L’analyse sectorielle de la productivité et des sources de croissance est une piste pour expliquer cette baisse historique de la croissance en Tunisie. Il est vrai que la crise de la pandémie Covid-19 est l’une des raisons qui pourrait aussi expliquer cette tendance à la baisse. Mais la crise sanitaire n’est pas à elle seule responsable de l’aggravation de la productivité.
L’Institut Tunisien de la Compétitivité et des Etudes Quantitatives (ITCEQ) vient de publier mi-novembre une note sur l’évolution de la productivité et source de croissances sectorielles. L’analyse de l’ITCEQ souligne, qu’en 2020, pour l’ensemble de l’économie, la productivité du travail, la productivité du capital et la productivité totale des facteurs ont respectivement enregistré une baisse de 4%, 7% et 5%.
Un dynamisme épuisé !
En Tunisie, on ne peut pas oublier aussi que la crise sanitaire a nettement impacté le marché du travail et la productivité. Durant le troisième trimestre de 2020, parmi la population au chômage, 69.3 mille auraient perdu, selon l’INS, leur emploi à cause de la pandémie. Parmi eux, 29 mille n’auraient pas repris le travail. Et ce, malgré le retour à l’activité de leur employeur.
La situation de l’emploi enregistré au troisième trimestre n’est que continuité des dégâts de la tempête qui a balayé la majorité des entreprises et activités durant la première vague de la Covid-19.
Pour rappel, selon une enquête réalisée par l’IACE sur la mesure d’impact de la propagation de la pandémie Covid-19 sur l’emploi en Tunisie durant la première vague, presque la moitié des entreprises interrogées ont fermé leurs portes. Ce qui est largement défavorable à l’amélioration de la productivité.
Les graphiques relatifs à l’évolution trimestrielle de l’indice de productivité du travail sont révélateurs de la gravité de la situation de plusieurs secteurs clés de l’économie tunisienne.
En effet, sur 24 activités évoquées par l’analyse du département des études sectorielles de l’ITCEQ, en 2020, 19 activités ont enregistré une baisse de la productivité totale des facteurs. On constate clairement s’épuiser le dynamisme de la majorité des activités où la productivité du capital a accusé des baisses à deux chiffres. Notamment les activités marchandes non agricoles (-10%), les hôtels, les cafés et restaurants (-34%), le transport (-21%), services marchands (-10%). Ou encore les bâtiments et génie Civile (-16%), textiles, habillement et cuirs (-16%), et les industries mécaniques et électriques (-15%).
2021 : la reprise ?
L’agriculture et la pêche, les industries agricoles et alimentaires, les industries chimiques, les hydrocarbures, l’eau et les télécommunications ont pu résister face à la crise. Ces activités ont, dans la majorité, enregistré une contribution positive à la croissance des facteurs de production.
On peut observer aussi que la crise sanitaire n’a fait qu’aggraver une situation déjà aggravée de la productivité totale des facteurs. Et ce, tout au long de la décennie 2010-2020 dans les mêmes activités citées.
Au final, les graphiques relatifs à l’évolution trimestrielle de l’indice de productivité du travail révèlent, avec beaucoup d’optimisme, une reprise à partir de 2021.