Le DG du Groupement Interprofessionnel des dattes, Samir Ben Slimane a indiqué, samedi, qu’il sera question, au titre des années à venir, de commercialiser les dattes à des prix qui ne dépassent pas les 6 dinars le kilo.
M. Ben Slimane a fait savoir que l’offre des dattes sera supérieure à la demande, au cours des prochaines années, face à l’augmentation de 30 mille hectares des surfaces de culture du palmier dattier à Kébili et à des prévisions d’une récolte record de pas moins de 400 mille tonnes à l’horizon 2025.
Même si cela va rendre complexe l’opération de l’écoulement de la production, il n’en demeure pas moins que les efforts doivent se concentrer sur la diversification des marchés exportateurs et la promotion du marché local.
Selon le responsable, cette stratégie vise à rendre les prix des dattes accessibles auprès des citoyens. Elle prévoit de restructurer les groupements interprofessionnels dans les zones de production, notamment, à travers la création de coopératives.
Elle vise également, a-t-il ajouté, à assurer une meilleure organisation des circuits de distribution dans les zones de production et à privilégier les circuits courts. Et ce afin de promouvoir le marché local.
« Il s’agit aussi de développer le lien direct entre les producteurs et consommateurs », souligne-t-il. Il a, en outre, rappelé que la consommation moyenne de dattes, en Tunisie, est estimée à 5 kilos, annuellement, contre 15 kilos en Algérie.
Une production en hausse malgré les difficultés que connait le secteur
S’agissant de la saison de récolte actuelle, Samir Ben Slimane a fait savoir que la production a atteint actuellement 345 mille tonnes dont 283 mille tonnes de « deglet Nour ». Et ce contre 331 mille tonnes la saison écoulée.
« Malgré les difficultés que connaît le secteur, nous avons réussi à réaliser une augmentation de 4% au niveau de la production et de 6% pour ce qui est de la récolte de Deglet Nour ». A-t-il précisé.
Et de faire remarquer que la qualité des dattes a été impactée par la hausse des températures de septembre à octobre. Il a souligné que le pourcentage des dattes de qualité haute gamme et moyenne gamme représente respectivement 30% et 50% de la production.
En ce qui concerne la cueillette, Ben Slimane a indiqué que l’état d’avancement de cette opération a atteint 85% à Tozeur et 70% à Tozeur. Et d’ajouter que ces deux régions sont les plus productrices de dattes à l’échelle nationale.
Pour ce qui est de la cueille de dattes sur pieds, l’état d’avancement de cette opération a atteint près de 60% contre 75% la saison écoulée.
Problème de l’effondrement des prix
Samir Ben Slimane a fait remarquer aussi qu’une baisse des prix entre 20 et 30% sera enregistrée cette saison surtout au niveau des producteurs, par rapport à la dernière saison.
D’après lui, les intervenants ont prévu que cette nouvelle saison connaîtra plusieurs difficultés, notamment au niveau de la commercialisation. et ce à cause de la stagnation du stock (près de 20 mille tonnes) ainsi que la réticence des exportateurs à acheter des dattes depuis le mois de juin, comme tout autre saison. Ce qui a influé directement les petits producteurs.
Cette situation a poussé les petits agriculteurs à vendre leur récolte à des prix très bas. Et ce pour faire face aux dépenses de la production et obtenir une liquidité financière.
Un important nombre de petits producteurs dans les gouvernorats de Kébili et Tozeur ont observé des mouvements de protestation. Ils ont exprimé leur refus de cette situation caractérisée par la régression de leurs revenus la baisse considérable des prix.
D’après Ben Slimane, le ministère de l’Agriculture est intervenu pour aider les petits agriculteurs. Et ce en mettant en œuvre un programme de stockage de 20 mille tonnes durant deux mois sans contrepartie, outre la prise en charge 50% du coût de stockage pour les deux mois suivant.
Notons que les agriculteurs ont également bénéficié d’une aide de 500 millimes pour acquérir des caisses plastiques. Ils ont bénéficié d’une autre aide pour obtenir des crédits saisonniers auprès de la Banque Tunisienne de Solidarité (BTS), à raison de 1,2 MD.
Néanmoins, l’affluence des agriculteurs n’était pas au niveau requis, selon l’interlocuteur. Car les petits agriculteurs ont recouru à la vente de leur production pour éviter l’effondrement des prix.
Un début de saison d’exportation normal
L’objectif recherché pour cette saison de l’exportation, selon Ben Slimane est d’atteindre 130 mille tonnes, alors que le manque de visibilité au niveau des marchés internationaux à cause de la crise de coronavirus et de l’annulation des salons à vocation alimentaire, posent des problèmes.
Et malgré cela, la Tunisie est parvenue à exporter plus de 13,6 mille tonnes additionnelles d’une valeur de 91 MD jusqu’au 13 novembre 2020. Et ce contre 12,9 mille tonnes d’une valeur de 81MD, durant la même période de l’année dernière.
Pour rappel, les pays européens restent la destination principale pour les dattes tunisiennes. Mais la Tunisie est allée au-delà de la sphère traditionnelle, en s’orientant d’une manière exceptionnelle pour exporter ses produits vers les pays asiatiques, dans le cadre des préparatifs du mois de ramadan prochain.
En plus, la saison de l’exportation vers le marché maghrébin commencera à partir du 1er décembre 2020. Les prévisions tablent sur près de 25 mille tonnes de dattes sur ce marché.
Un programme spécifique pour le mois de Ramadan
Dans le cadre des préparatifs du mois de Ramadan, un programme spécifique sera mis en œuvre en collaboration avec le ministère du Commerce. L’objectif étant de fournir des quantités (non fixées) et les vendre à des prix raisonnables auprès des consommateurs tunisiens.
Il prévu aussi d’exposer dans les grandes surfaces commerciales et dans les marchés de grandes quantités de dattes avec la possibilité d’organiser une opération pilote pour la vente des dattes dans le cadre de l’initiative de la vente du producteur au consommateur selon les exigences de la situation sanitaire.
Avec TAP