Présidant la réunion du Conseil de sécurité nationale, le président de la République Kais Saïed a bel et bien perdu son calme olympien. Il va tout droit au but et annonce son mécontentement du remaniement ministériel annoncé par le Chef du gouvernement Hichem Mechichi.
Dans une vidéo publiée sur la page Facebook de la Présidence de la république, Kaïs Saïed a affirmé que le remaniement annoncé ne respecte pas l’article 92 de la Constitution. Ainsi, il a choisi de répondre, à sa façon, au remaniement ministériel du Chef du gouvernement. Un remaniement, selon lui, qui dévoile une situation politique très grave. Car, il estime que le remaniement en question est le résultat d’un changement des coalitions entre les différents partis politiques. Le président de la République estime que les partis politiques au pouvoir profitent « des brèches de la Constitution dont les interprétations sont multiples ». Rappelle-t-il.
Fidèle à sa position catégorique et hostile à tous les partis politiques. Car faut-il encore rappeler que Kaïs Saïed, depuis 2011, plaide pour une action politique sans partis politiques. Continuant, sur la même lancée, le président tunisien accuse les partis politiques de tenter de faire échouer ses initiatives législatives « dont l’objectif est de répondre favorablement aux intérêts des tunisiens ». Il préfère ne pas s’étaler sur les détails. « Car, il est tenu par le droit de réserves ».
Kaïs Saïed a rappelé que les dispositions de la Constitution n’exigent en aucun cas l’accord de l’ARP pour le remaniement ministériel. Cependant, c’est le règlement intérieur de l’ARP qui prévoit cette mesure.
Mais voici un détail qui dit long sur la relation entre le Président de la république et le Chef du gouvernement Hichem Mechichi. Le président affirme qu’il, Hichem Mechichi n’a pas engagé des concertations avec lui sur le remaniement. Ce dernier s’est contenté d’une simple correspondance informative à l’adresse du président !
Continuant dans la même perspective, Kaïs Saïed déclare qu’il s’agit d’une première à savoir qu’un Chef du gouvernement gère le ministère de l’Intérieur par intérim.
Défendant son propre terrain, il rappelle que « la présidence de la république n’est pas un bureau de poste qui réceptionne les courriers ».
Sans détour, le président de la république affirme qu’il est hors de question que des ministres suspectés de corruption prêtent serment. Et ce en faisant allusion à trois ministres proposés dans le cadre du remaniement. Cerise sur le gâteau. Il interpelle le Chef du gouvernement sur l’absence des femmes du remaniement ministériel. Sur un autre ton, il affirme qu’il agira pour défendre les intérêts des Tunisiens. Et ce à travers les moyens juridiques adéquats.