Selon le quotidien Al Anwar, Rached Ghannouchi, le chef historique d’Ennahdha et président de l’ARP, serait à la tête d’une immense fortune dont l’origine serait douteuse. Le parti islamiste, qui a fustigé « un article trompeur digne des méthodes utilisées par les dictatures pour s’attaquer aux militants », compte saisir la justice.
C’est certainement le scoop le plus retentissant de l’année. Médusés, les Tunisiens apprenaient avec consternation que le Cheikh Rached Ghannouchi était à la tête d’une énorme fortune. Bon, nous savions que le chef historique d’Ennahdha était loin d’être un smicard. Mais de là à parler de milliers de millions de dinars qui auraient été amassés d’une manière « douteuse »… Il y a un pas que notre confrère Al Anwar a allégrement franchi.
Ainsi, selon l’article-choc qui fait couler une mer d’encre, publié ce week-end en grosses lignes et à la première page par l’hebdomadaire arabophone, le président de l’ARP Rached Ghannouchi figurerait en haut de la liste des personnes les plus riches de Tunisie. Avec une fortune personnelle, tenez-vous bien, de près « de 2700 milliards ».
Graves accusations
Et ce n’est pas tout, puisque l’article en question parle de réseau de trafic d’armes vers le territoire libyen; mais aussi de blanchiment d’argent et de corruption judiciaire. Et même que Ghannouchi soit en possession d’une banque centrale parallèle. On se frotte les yeux!
Les caciques montent au créneau
Des allégations qui d’évidence vont à l’encontre de la réaction de l’ancien ministre des AE, Rafik Abdessalam. Ce dernier affirme à ceux qui veulent bien l’entendre que son beau-père, Rached Ghannouchi, « mène une vie austère et qu’il ne possède dans ce bas monde qu’une maison modeste dans la zone d’Ennahli. Le cheikh a consacré sa vie à la politique et au savoir. L’argent et les propriétés ne signifient rien pour lui ». Ainsi soutenait-il, samedi dernier, sur sa page FB.
D’ailleurs, le gendre préféré du cheikh a profité de l’occasion pour tacler Al Anwar. En l’accusant de « relayer des mensonges au service d’un agenda mis en place par le clown Abir »; en référence à sa bête noire, la présidente du PDL.
« Maison modeste, voiture populaire »
Même son de cloche de la part de la députée nahdhaouie Yamina Zoghlami. Puisqu’elle publiait déjà au mois de mai 2020 un post Facebook. Dans lequel elle affirmait que Rached Ghannouchi est propriétaire d’une seule maison dans la ville de Ben Arous. Laquelle était acquise depuis les années soixante-dix, lorsqu’il était enseignant de philosophie. Et qu’il avait fallu attendre une dizaine d’années pour achever la construction de cette maison.
En outre, Yamina Zoghlami soulignait que le président d’Ennahdha possèdait une seule voiture de marque KIA; acquise sous le régime FCR, après son retour définitif en Tunisie en 2011. Alors que le reste des voitures qu’il utilise appartiennent au parti Ennahdha.
Par ailleurs, s’agissant des revenus de Rached Ghannouchi, elle déclarait qu’il avait bénéficié d’un salaire mensuel offert par son parti. Et ce, depuis son retour en Tunisie et qui a pris fin après avoir son élection en tant que président de l’ARP. Avant d’ajouter qu’il ne possède aucune action dans une société ni de compte à l’étranger.
Vive réaction d’Ennahdha
Les révélations fracassantes d’Al Anwar sur la supposée énorme fortune de Rached Ghannouchi et son origine douteuse, ont fini tout de même par faire réagir le parti islamiste d’Ennahdha. Il est monté au créneau pour voler au secours de son chef.
« Un article trompeur digne des méthodes utilisées par les dictatures pour s’attaquer aux militants. La campagne médiatique synchronisée visant le mouvement Ennahdha et son président est une réponse pitoyable pour tenter de dissimuler les fuites qui ont révélé aux Tunisiens les plans des ennemis de la démocratie qui complotent et entravent les institutions de l’Etat » Ainsi lit-on dans un communiqué paru le samedi 27 mars.
D’ailleurs, se considérant « victime d’une campagne médiatique bien orchestrée qui vise, aussi, son président Rached Ghannouchi », le parti islamiste va porter plainte. Et ce, contre « certaines personnes et institutions ayant intentionnellement diffusé des rumeurs et des mensonges, sans avoir mené une enquête au préalable ».
Il convient de rappeler à ce propos que la fortune présumée du chef islamiste est une question récurrente. Puisque déjà au mois de mai 2020, des citoyens tunisiens lançaient une pétition appelant à l’audit de cette fortune par un comité indépendant. D’autant plus que selon ses détracteurs, aucune activité ne justifie le fait qu’il serait devenu, en à peine une décennie, l’une des grosses fortunes du pays.
Affaire à suivre