Mondher Lakhal, Directeur Général de la Banque Nationale Agricole (BNA) a accordé mercredi une interview à la radio Express FM. Il a évoqué l’impact de la crise Covid-19 sur la banque, sa stratégie de soutien aux entreprises en période de crise sanitaire et les réalisations de la BNA en 2020 et au premier trimestre de l’année en cours.
Mondher Lakhal a, lors de cette interview, souligné que la crise sanitaire a eu un impact direct sur la BNA et sur toutes les banques. Sur le plan des ressources humaines, environ 450 employés ont été contaminés par la Covid-19 dont 300 employés dans les agences. Ce qui implique un taux de contamination de 30% dans le réseau de la banque. « Malgré ce taux élevé, le secteur bancaire a assuré la continuité de l’activité pour surmonter cette crise et assurer un service minimum », assure le directeur général de la BNA.
En termes de performances financières, le deuxième trimestre de 2020 était pratiquement atone! Le niveau d’activité de la banque a beaucoup baissé. Des commissions n’ont pas été perçues sur les transactions à travers la monétique. Cela a eu un impact direct de 50 millions de dinars de commissions et d’intérêts non perçus. La BNA a réalisé, durant le quatrième trimestre de l’année écoulée, le 1/3 de son PNB réalisé en 2020. Et ce, contre une moyenne trimestrielle de 25% du PNB réalisé par trimestre. La BNA a procédé aussi à des provisions collectives de 54 millions de dinars.
« En effet, l’impact direct de la Covid-19 sur la banque en 2020 est estimé à un manque à gagner d’environ 100 MD. A mon avis, 2022 et 2023 seront aussi des années difficiles », ajoute Mondher Lakhal.
Soutien aux entreprises en période de crise
Mondher Lakhal a rappelé que la BNA est l’un de bâtisseurs de l’économie tunisienne. Elle a été créée pour accompagner l’entreprise tunisienne. « 85% du portefeuille de la BNA sont orientés vers les entreprises. La culture de l’assistance et l’accompagnement des entreprises est déjà ancrée dans la banque. De plus, durant la crise sanitaire, la banque a respecté à la lettre les décisions prises par le gouvernement et la BCT en matière d’assistance aux entreprises », a tenu à souligner M. Lakhal.
Il a, dans ce sens, rappelé que des produits courts termes spécifiques à la BNA ont été créés. De plus, un accompagnement financier à travers des crédits d’environ 500 MD a été accordé aux entreprises. Cet accompagnement s’ajoute à des reports d’environ 1,2 milliard de dinars dont 165 millions de dinars au profit de 130 000 clients particuliers (salariés). L’encours global des crédits rééchelonnés est d’environ 1,5 milliard de dinars. « C’est insuffisant ! », a-t-il affirmé.
C’est pourquoi la stratégie consiste, ajoute Mondher Lakhal, à détecter les entreprises qui ont encore un potentiel de développement important. En effet, l’endettement doit servir à la création de la richesse au sein de l’entreprise. Pour renforcer les fonds propres des entreprises et éviter d’alourdir ses charges financières, la banque s’est orientée vers les SICAR et les fonds de développement.
Une banque résiliente
Mondher Lakhal a affirmé que l’exercice 2020 de la BNA n’est pas aussi catastrophique que ce à quoi on s’attendait. Le résultat net de l’exercice 2020 atteint 102 millions de dinars. La banque a réalisé en 2020 un PNB de 690 millions de dinars. Sur le plan de la résilience, le ratio de la solvabilité de la BNA était à 19,8% contre une norme réglementaire de 10%. « C’est l’une de meilleure performance dans le secteur bancaire », insiste le directeur général de la BNA.
Pour rappel, durant la période du contrat programme 2016- 2020, la banque a réalisé une augmentation de capital et un maintenu ses bénéfices. Notons que la BNA a vendu aussi des « bijoux de famille ». La banque n’a pas fait un recours à une recapitalisation par l’Etat durant cette période.
Pour assurer les actionnaires de la BNA, Mondher Lakhal a affirmé que le niveau actuel des fonds propres est d’environ 1,6 milliard de dinars alors que la capitalisation boursière est à 500 millions de dinars. « L’action BNA est aujourd’hui une action sûre et sous-évaluée! », ajoute M. Lakhal.
S’agissant des performances de la banque au premier trimestre 2021, la PNB a réalisé un PNB de 188 MD avec une progression de 15,1% réalisée grâce notamment à la maîtrise des charges. Elle a aussi clôturé le premier trimestre avec un niveau des dépôts à 9 milliards de dinars.
En effet, l’objectif consiste à poursuivre l’activité pour le reste de l’année sur la même lignée du premier trimestre. Il s’agit aussi de préserver le statut de banque universelle.
Soutien permanent au secteur agricole
Interpellé sur le rôle de la banque dans l’accompagnement du secteur agricole, le directeur général de la BNA a fait savoir que l’encours crédits de la BNA est d’environ 15 milliards de dinars dont 10% dans le secteur agricole.
« L’agriculture (toutes activités confondues) représente environ 30% des engagements de la BNA. La création de nouveaux produits a permis de renforcer l’inclusion financière dans ce secteur et dans le pays. 10 000 agriculteurs qui ne bénéficiaient pas de crédits bancaires sont devenus éligibles au financement bancaire grâce aux crédits interface et tripartite. La banque a procédé à des portes à portes avec certains groupes pour les convaincre à investir dans l’agriculture », a conclu Mondher Lakhal.
E.M