Les Perspectives économiques de l’OCDE, Volume 2021 Numéro 1 soulignent l’amélioration des perspectives de l’économie mondiale due aux campagnes de vaccination et au renforcement des mesures publiques de soutien. Mais elles relèvent également que les progrès sont inégaux selon les pays. Et elles décrivent les principaux risques et enjeux liés au maintien et au renforcement de la reprise.
Pour la situation de la Tunisie, la lenteur du déploiement de la vaccination et la nécessité en découlant de maintenir les restrictions de déplacement au second semestre de 2021 vont brider, selon le rapport de l’OCDE, l’activité dans les secteurs des services à forte intensité de main-d’œuvre.
En outre, l’augmentation du nombre de faillites d’entreprises, au fur et à mesure de la suppression des aides, va maintenir le chômage à un niveau élevé. Pesant de ce fait sur le revenu des ménages et freinant la consommation privée. De même, l’incertitude qui entoure le climat politique freine l’investissement privé.
Selon l’OCDE, les grandes réformes structurelles devraient toutefois progresser quelque peu. Et ce, du fait du dialogue amorcé récemment avec les partenaires sociaux. Tandis que la confiance des investisseurs devrait se redresser graduellement vers la fin de 2021.
De plus, une amélioration de la situation sanitaire chez les principaux partenaires commerciaux de la Tunisie soutiendra les exportations de biens et de services au cours du second semestre de 2021. L’emploi et la consommation privée se redresseront aussi lentement avec la levée progressive des restrictions, poursuit le rapport de l’OCDE.
« Compte tenu d’une demande intérieure en demi-teinte et d’un chômage élevé, les tensions inflationnistes resteront contenues. Mais devraient s’exacerber en 2022, sous l’effet de la reprise et de la réduction des subventions à la consommation d’énergie », estime l’organisation.
Les tensions politiques font planer un risque sérieux
Cependant, « abstraction faite de la situation sanitaire, la montée des tensions politiques et des troubles sociaux fait planer un risque sérieux sur la reprise », met en garde l’OCDE.
Étant donné les besoins de financement, estimés à quelque 18% du PIB en 2021, un plan à moyen terme crédible de réduction du déficit budgétaire, ainsi que des progrès dans le domaine des réformes structurelles, ont une importance fondamentale. Et ce, pour éviter toute nouvelle détérioration de la confiance des investisseurs. Ainsi que pour permettre aux bailleurs de fonds multilatéraux d’aider le pays à refinancer une dette publique élevée.
« Un relèvement des taux d’intérêt plus rapide que prévu dans les pays avancés pourrait donc déclencher des sorties de capitaux et une forte dépréciation de la monnaie. Accentuant le risque d’un défaut de remboursement de la dette souveraine et d’une crise financière », prévient l’organisation.
En effet, la dette en devises du secteur public comme du secteur privé est importante. Le taux des prêts non performants était déjà élevé avant la pandémie et les effets de rétroaction négative entre le secteur public et les banques sont puissants. Une part non négligeable de la dette publique, y compris celle souscrite par les entreprises publiques, étant détenue par les banques tunisiennes.
Par ailleurs, des hausses plus marquées des prix des produits de base risqueraient de pousser à la hausse l’inflation, le solde des paiements courants et le déficit des finances publiques. Etant donné que la Tunisie est importateur net de pétrole et de produits pétroliers et que les subventions énergétiques demeurent importantes.
En revanche, une reprise plus rapide dans les économies européennes aurait pour effet de dynamiser les exportations.
Investir dans l’éducation, la santé et les infrastructures
Alors, pour l’OCDE, il est crucial que le dialogue national soit à la hauteur en matière de réformes structurelles. Et ce, pour réduire les déséquilibres macroéconomiques et les risques qu’ils entraînent. Toute amélioration de l’efficience de la dépense publique devrait passer par une réforme de l’emploi public et des entreprises publiques. Mais aussi par un redéploiement des ressources vers les investissements nécessaires dans l’éducation, la santé et les infrastructures.
D’ailleurs, la suppression d’un certain nombre d’exonérations d’impôts, un meilleur respect des obligations fiscales et la mise en place d’une fiscalité sur la propriété immobilière pourraient permettre de lever plus de recettes fiscales, dans des conditions de plus grande équité.
Quant au remplacement progressif de subventions énergétiques, régressives et inefficaces, par un soutien ciblé des revenus en faveur des ménages vulnérables, il permettrait d’atténuer l’impact négatif de l’ajustement budgétaire.
Enfin, la suppression de certains obstacles administratifs à la création et au développement des entreprises, le renforcement de l’application du droit de la concurrence, la levée de certains obstacles aux échanges et de meilleures infrastructures portuaires dynamiseraient l’investissement et la création d’emplois dans le secteur formel.
E.M