Ferid Bel Haj, vice-président du groupe de la Banque mondiale chargé des affaires de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Mena), a été aujourd’hui l’invité de l’émission Midi Show sur Mosaïque Fm.
Ferid Bel Haj a évoqué les défis économiques auxquels fait face la Tunisie et la coopération entre la Banque mondiale et la Tunisie.
« Les acteurs du marché financier et les partenaires de la Tunisie ont besoin d’une vision claire, notamment en ce qui concerne les réformes économiques », insiste Ferid Bel Haj.
Les principaux défis consistent en la nécessité d’établir une loi de finances complémentaire, une loi de finances pour l’année prochaine et le remboursement de la dette.
Il a rappelé que les réunions annuelles de la Banque mondiale et du FMI, qui se tiendront au mois d’octobre prochain, seront une opportunité pour tous les pays afin de discuter de la situation économique. C’est pourquoi la Tunisie doit assister à ces réunions, présenter une vision claire et envoyer des signes d’amélioration.
Ferid Bel Haj a, par ailleurs, rappelé que la Banque mondiale a récemment appuyé la Tunisie à travers un montant d’environ 400 millions de dollars au titre des aides sociales aux familles à faible revenu et de l’achat de vaccins anti-Covid.
Et d’ajouter que le deuxième volet important de l’activité de la banque en Tunisie est la question des réformes. « A travers mes discussions avec les différents partenaires sociaux, notamment l’UGTT et l’Utica, j’ai senti l’existence d’un terrain favorable pour entamer les réformes nécessaires. L’appui à ces réformes nécessite un vis-à-vis qui est un gouvernement et un chef de gouvernement. Il y a aujourd’hui une opportunité qu’on doit exploiter », précise le représentant de la Banque mondiale.
« Inflation des lois »
S’agissant du dossier de la compensation, Ferid Bel Haj a souligné qu’il y a une certaine maturité dans le dialogue avec l’UGTT qui est, selon ses dires, sur le bon chemin. Il a, toutefois, dénoncé « l’inflation des lois« , citant comme exemple le code d’investissement. Car certaines lois pourraient être à l’origine des dysfonctionnements injustifiables.
« Il faut procéder à un audit de toutes les lois économiques. L’Etat doit jouer le rôle de régulateur. Le prochain gouvernement doit s’intéresser en priorité à la relance économique. Pour éviter de ne pas s’enfoncer dans le pire, il faut une volonté politique pour engager les réformes. Nous avons besoin d’une vision à moyen et long terme et d’un vis-à-vis qui est le gouvernement, présidé par une personnalité à orientation économique », insiste Ferid Bel Haj.
Interpellé au sujet de la dette, Ferid Bel Haj a souligné que la Tunisie n’est pas dans une situation économique confortable. « Compte tenu de la difficulté de sortir sur le marché financier international, le pays est contraint de recourir à l’emprunt auprès de ses banques sur une très courte maturité et un taux très élevé (6,5%). Ce qui met le pays face au risque de l’assèchement du crédit et à la hausse de l’inflation », explique Ferid Bel Haj.
Au final, le vice-président du groupe de la Banque mondiale chargé des affaires de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Mena), a souligné que l’indépendance de la BCT est cruciale pour accomplir sa mission en termes de politique monétaire et d’ajustements au niveau macroéconomique. Auparavant, il a insisté sur le fait que le pays, dont le PIB aujourd’hui n’est que de 30 milliards de dollars, peut aller très au-delà si l’on engage les réformes nécessaires.