Après plus de deux mois d’attente, la chargée de former le gouvernement, Najla Bouden, a enfin annoncé la composition de son nouveau gouvernement. Le président de la République Kaïs Saïed justifiait le retard pris dans la formation du gouvernement par la nécessité de trouver des profils n’ayant rien à voir avec la corruption. Lecture.
Désormais, la Tunisie dispose de son nouveau gouvernement. Le gouvernement Bouden, rappelons-le, fera face à plusieurs chantiers urgents et revendications incontournables. D’ailleurs, la préparation du projet de loi de finances 2022, le projet de loi de finances complémentaire 2021 et la reprise des négociations avec le FMI sont les grandes lignes des nouveaux défis. Bien avant d’aborder ces prochains défis. Il serait intéressant d’étudier la structure du gouvernement.
La gente féminine représente 38,46% du gouvernement Bouden
Huit ministres, une cheffe de gouvernement et une secrétaire d’Etat. En effet, il y a de quoi être fier surtout que c’est le pourcentage de présence féminine le plus élevé, dans un gouvernement après le 14 janvier. Dans le même contexte, il est à rappeler que même dans les gouvernements de Ben Ali et ceux du premier président de la République feu Habib Bourguiba, la présence des femmes dans les postes de décision était rare. On rappelle à titre d’exemple que le pourcentage de présence des femmes dans le gouvernement Chahed 2 a atteint 14% ce qui est très peu pour un gouvernement qui comptait 28 ministres et 15 secrétaires d’Etat. Un pourcentage de 38,46% dans le gouvernement Bouden est une victoire pour le féminisme et pour la parité. Cependant, cette présence féminine doit se perpétuer.
Mais où est la jeunesse dans ce gouvernement?
A l’exception du nouveau ministre des Affaires sociales Malek Zehi (né en 1979) et Aida Hamdi- secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères chargée de la coopération internationale- il n’existe pas de jeune ministre dans le gouvernement Bouden.
Ainsi, cette interrogation est légitime surtout que le président de la République a misé sur la jeunesse quand il était encore candidat à la présidentielle lors de sa campagne électorale. D’ailleurs, bien avant qu’il se présente à la présidentielle, il faisait l’éloge de la jeunesse tunisienne à maintes reprises.
« La meilleure Constitution ce sont les slogans que les jeunes sit-inneurs ont écrit sur les mûrs de la Kasbah », a-t-il dit en 2012, dans une déclaration médiatique. Présents sans cesse sur les réseaux sociaux pour renforcer sa présence digitale et sur terrain pour l’introduire dans les régions, le candidat à la présidentielle d’hier, et le président de la République d’aujourd’hui n’a pas renforcé son gouvernement par les jeunes. Un fait qui pourrait alimenter la déception et la frustration chez les jeunes activistes.
Un gouvernement sans golden boy
On a vu souvent des golden boy dans les gouvernements de l’après 14 janvier. Généralement, il s’agit d’un jeune, issu d’une famille aisée, ayant accompli son cursus universitaire, parfois dans des universités privées prestigieuses à l’étranger avant de s’y installer pour travailler dans une multinationale ou dans un Groupe de renommée. Très souvent, cette catégorie n’est pas le pur produit de l’école publique.
Il ne s’agit pas, ici, de parler de l’efficacité ou pas de ces golden boy mais de leur absence du gouvernement Bouden. Rien qu’en d’examinant les biographies des ministres du gouvernement actuel on se rend compte qu’ils sont le reflet de la réussite de l’ascenseur social et de l’école publique. Il semble que c’est un choix du président de la République qui a cherché des profils de ministres peu classiques. D’ailleurs, le choix de Malek Zehi comme ministre des Affaires sociales qui a un passé de militant au sein de l’UGET en dit long sur les choix du président de la République.