L’appel du 4 novembre lors du Conseil des ministres à la contribution des citoyens, serait-il une solution à la crise financière? Sinon, par quels moyens peut-on y parvenir? Plus encore, les prêts et les dons des pays amis peuvent-ils suffire?
Elyes Kasri, ancien ambassadeur de Tunisie, commentateur et analyste politique, apporte son expertise. Ainsi, il déclare: « Si le 25 juillet a été une bouffée d’espoir et le 22 septembre un choix provisoire et amer entre démocratie, libertés et corruption, l’appel du 4 novembre (conseil des ministres) à la contribution des citoyens, déjà saignés à blanc par une crise économique exacerbée par une pandémie a considérablement estompé l’enthousiasme populaire.
Plus encore, il a également atténué la vague d’espoir qui faisait oublier le chômage, la dégradation du pouvoir d’achat et les dysfonctionnements de plus en plus évidents de toutes les structures de l’Etat. »
Et de poursuivre: « Pour un peuple qui espérait enfin pouvoir se remettre au travail à l’abri d’une administration et d’une justice entachées par des accusations graves de favoritisme, de corruption et d’abus de pouvoir, se voir demander de se serrer encore une fois la ceinture et de financer le déficit chronique de l’Etat a fait monter la déception comme une lame de fond. »
Avant d’ajouter: « Au lieu des chimères de l’argent volé pour lequel aucun baron politique ou économique ni représentant des familles rentières n’a eu des comptes à rendre jusqu’à présent et des impairs diplomatiques dont le cumul cause de sérieuses inquiétudes, on commence à se demander, en plus de la sortie des mesures exceptionnelles, où sont les reformes qui vont rétablir la compétitivité économique et relancer la production et l’emploi dans le pays? »
Opportunités de soutien international aux reformes
Pourtant, en plus des opportunités de soutien international aux réformes structurelles exigées par la situation catastrophique de l’économie nationale et ignorées par la direction politique tunisienne, s’ajoute une absence regrettable à la conférence de Glasgow sur les changements climatiques (COP26: 31 octobre-12 novembre 2021).
Selon Elyes Kasri, le président Kaïs Saïed ou la cheffe de gouvernement Bouden-Romdhane auraient pu présenter à Glasgow des idées susceptibles d’être approfondies ultérieurement avec nos partenaires étrangers. Comme une réponse au changement climatique, au chômage, à la radicalisation des jeunes et la migration sauvage.
Elyes Kasri préconise de proposer à cette occasion un plan Marshall environnemental pour la Tunisie avec des mégaprojets pour la lutte contre la désertification et la création d’une ceinture verte au sud de la Tunisie. Sur le modèle de Rjim Maatoug, un projet de centrales solaires autant ou mieux que Ouerzazate au Maroc et un programme national ambitieux de mitigation du stress hydrique dont souffre notre pays (barrages, recyclage des eaux usées et dessalement de l’eau de mer).
Et de conclure: « Une telle annonce aurait pu conférer un surcroît de crédibilité à la direction politique tunisienne sur la scène internationale. Ainsi qu’une bouffée d’espoir aux jeunes tunisiens qui ont beaucoup plus besoin d’opportunités de travail et de voir leurs diplômes et efforts dûment récompensés que les chimères d’une économie distributive au rabais et d’un système d’assistanat dégradant. »
En somme, la Tunisie a de nombreux atouts et des possibilités considérables de mobilisation du soutien international à des projets ambitieux. Toujours faut-il agir et se projeter dans le futur?