Un proverbe chinois dit : « Ne plus lire depuis longtemps, c’est comme perdre un ami important ». Outre l’enrichissement personnel que la lecture confère, à savoir l’amélioration de la culture générale, l’éveil de la curiosité et l’ouverture de l’individu à des horizons plus vastes, les preuves scientifiques des bienfaits de la lecture sur la santé, se font de plus en plus nombreuses. En effet, il a été démontré que lire améliore l’intelligence émotionnelle, réduit l’anxiété, booste la mémoire, diminue le risque de survenue de la maladie d’Alzheimer et favorise l’endormissement.
Ainsi, d’un point de vue strictement fonctionnel, une étude menée par des scientifiques du Center for Neuropolicy de l’Emory University à Atlanta aux Etats-Unis, a déterminé l’impact de la lecture sur la connectivité cérébrale.
L’étude publiée dans la revue Brain Connectivity avait pour objectif de déterminer si la lecture des romans a pour impact des changements mesurables de la connectivité du cerveau à l’état de repos et combien de temps ces changements persistent. Ainsi, 21 étudiants ont été sélectionnés, puis explorés par imagerie par résonance magnétique fonctionnelle durant 19 jours consécutifs, à l’état de repos. Dans un deuxième volet de l’expérience, durant neuf jours, les participants ont été invités à lire chaque soir 1/9e d’un roman, suivi le lendemain de la réalisation d’une IRMf. Après les neuf jours consacrés à la lecture, les participants ont été explorés par IRMf durant cinq jours.
Les résultats de l’IRMf ont montré une modification de la connectivité de certaines zones cérébrales, durant la période de neuf jours pendant laquelle les participants ont lu le roman et les cinq jours qui ont suivi la lecture du roman. Les régions du cerveau concernées par les modifications de la connectivité, jouent un rôle dans la compréhension de la langue et également dans les processus somatiques et sensoriels.
Des résultats qui suggèrent en quelque sorte l’identification du lecteur au personnage du roman, comme s’il vivait l’histoire.
Les résultats de cette étude qui montrent donc une meilleure compréhension du langage, et une optimisation des sensations et des mouvements, devraient encourager à lire davantage et initier les moins habitués à la lecture, d’autant plus qu’en Tunisie cette pratique est malheureusement de plus en plus abandonnée. En effet, en 2010 la consultation nationale sur le livre et la lecture, a montré par le biais d’une enquête auprès de 1029 personnes de différents milieux, âges et sexes, que 68,12% des individus interrogés n’ont pas lu un seul livre durant l’année 2009, 31,8% ont lu au moins un livre en 2009, 22,74% n’ont pas lu un seul livre de leur vie! Des chiffres que l’on peut qualifier d’effrayants si on les confrontent par exemple aux résultats enregistrés dans les pays nordiques, en tête de peloton en matière de lecture. Ainsi en 2010 les résultats d’une enquête en Norvège montrent que 93 % de la population norvégienne a lu un livre ou plus en 2009. La moyenne enregistrée est de 16 livres par an, avec 40 % de la population qui lient plus de 10 livres par an et 14 %, plus de 30 livres… à méditer.