Plus on en sait sur la dépression, plus la conscience de la nécessité d’une prise en charge complète, en plus du traitement médicamenteux classique et de la psychothérapie est grande. Les récentes découvertes ont montré, à titre d’exemple, l’effet positif de l’activité physique, la luminothérapie, ainsi que la bibliothérapie ( technique qui consiste à guérir par la lecture d’ouvrages de développement personnel ) sur les sujets atteints de dépression.
Le zinc est un oligo-élément essentiel jouant un rôle important dans divers processus biologiques tels que la croissance cellulaire, le métabolisme, la régulation de certaines fonctions endocriniennes, immunitaires et neuronales impliquées dans la physiopathologie de la dépression. A cet effet, afin de déterminer s’il existe un lien entre les taux sanguins de zinc et la survenue de symptômes dépressifs, un travail de synthèse quantitative des données cliniques comparant les concentrations de zinc dans le sang périphérique entre sujets atteints de dépression et non atteints de dépression a été réalisé par des scientifiques de l’Université de Toronto .
Ainsi dans une méta- analyse regroupant dix-sept études, dont les résultats ont été publiés dans la revue Biological Psychiatry une mesure des taux de zinc dans le sang périphérique a été réalisée chez 1643 sujets déprimés et 804 témoins dont l’âge moyen était de 37 ans. Les résultats ont montré que les taux sanguins de zinc étaient en moyenne plus faibles chez les sujets déprimés que les sujets témoins.
Ces résultats vont dans le même sens que des études précédentes ayant auparavant démontré qu’une induction expérimentale d’une carence en zinc peut induire un comportement dépressif chez les animaux, et peut-être efficacement inversée par l’administration de zinc.
Les scientifiques estiment qu’un lien de causalité entre le taux de zinc et la dépression est biologiquement plausible, et ce, pour plusieurs raisons : le zinc possède, en effet, des propriétés antioxydantes , qui contribuent à maintenir l’homéostasie du système endocrinien ainsi que des fonctions immunitaires et joue également de nombreux rôles dans la régulation de l’activité de l’hippocampe et certains circuits cérébraux qui régulent les processus neurologiques liés à l’affectivité ainsi que les fonctions cognitives . Ainsi , les changements dans l’homéostasie du zinc pourraient compromettre la neuroplasticité et aboutir à long terme à un certain déclin neuropsychologique et psychiatrique.
Au sujet de son rôle dans la fonction immunitaire, le zinc est nécessaire pour le développement et la maturation des T et B lymphocytes, des anomalies immunitaires ayant été observées dans la dépression majeure, en particulier dans la composante somatique des symptômes.
Enfin, un taux de zinc sérique bas est associé à des perturbations du métabolisme des acides gras et des lipides sériques qui pourraient affecter non seulement le bon fonctionnement du cerveau mais aussi la santé cardio-vasculaire, une comorbidité bien connue de la dépression majeure.
Les résultats de cette méta-analyse suggèrent la nécessité de poursuivre la recherche sur les rôles potentiels du zinc dans la physiopathologie de la dépression, l’utilité potentielle du zinc dans la surveillance de la maladie, et l’intérêt de la supplémentation chez les patients atteints de dépression.
Les sources alimentaires de zinc étant nombreuses , il n’y a donc pas mieux qu’une alimentation équilibrée pour lutter contre toute carence, pourquoi alors s’en priver ?