Dans son allocution d’ouverture de la 2e Rencontre internationale méditerranéenne sur le thème : « L’Europe et la Méditerranée dans la crise : Bilans et Perspectives », Chedly Ayari, gouverneur de la BCT, a mis l’accent sur l’importance du déblocage du prêt du FMI qui ouvre la porte à d’autres possibilités financières. Il a ajouté que les financements internationaux publics ou privés exigent que la Tunisie ait de bonnes relations avec le FMI qui est devenu une étape incontournable pour accéder à ces financements. Le test de crédibilité du pays passe donc par une bonne entente avec le FMI.
Abordant la question de la « thérapie » que cette institution a adoptée pour les pays en transition comme la Tunisie, le gouverneur de la Banque centrale a précisé que l’institution internationale proposera une thérapie adaptée au pays ajoutant toutefois que l’aide du FMI est toujours accompagnée par un train de propositions de réformes. « Nous ne sommes pas contre ces réformes, nous en sommes convaincus mais la question à poser est : combien de réformes, sur quelle période et ces réformes sont-elles actuellement propices pour un pays en transition? », explicite le gouverneur de la BCT.
« La condition sine quan non du FMI dans son assistance, contrairement à la Banque mondiale qui finance les projets de développement, c’ est le budget qui ne doit pas déraper, les dépenses publiques qui doivent être maîtrisées, c’est en fait la consolidation fiscale. Ainsi ce sont des discussions sur la politique économique et financière du pays avec cet organisme. », ajoute-t-il.
Chedly Ayari réaffirme que la pays est d’accord pour les réformes proposées mais tout est une question de timing, de contenu et de rythmes de ces réformes car il ne faut pas tuer la croissance pendant cette étape de transition et la consolidation fiscale doit être pro-croissance. La nouveauté avec le FMI est que cette croissance devrait être, à ce stade, inclusive afin de ne pas mettre en cause les équilibres macroéconomiques.
Le gouverneur de la BCT a regretté que le FMI n’ait pas, en définitive, de politique adaptée aux pays arabes en transition, tandis que l’Europe est dans l’expectative en attendant la décision du FMI.
Prenant ensuite la parole, le Pr Mohamed Hedi LAHOUEL, économiste au département de développement économique de Dubai, a déclaré que les pertes cumulées enregistrées par l’économie tunisienne pendant ces années post-révolution (2011/2013) ont atteint les 5 milliards de dinars et dépassent ainsi ce qu’a obtenu le pays comme subventions.
Concernant le chômage, le conférencier a déclaré que le pic a été atteint en 2012, précisant que c’es la population active féminine qui a été la plus touchée par ce chômage perdant 10 points contre une perte de 4 points seulement pour la population masculine. L’épargne, a jouté le conférencier, a chuté de 6 points ce qui est considérable car ceci équivaut à 15 à 21 % du PIB de perdu pendant la transition. Les investissements ont chuté de 2 % pendant cette période faisant perdre 1 point de croissance pour le pays.
Le conférencier a ajouté que la croissance peut reprendre moyennant une stabilisation sécuritaire et sociale mais également grâce aux reformes qu’il faut engager et qui doivent intéresser :
- Le régime d’exportation dans lequel le régime de l’exonération d’impôts sur les bénéfices est à revoir
- Le système de subventions à réexaminer
- Et la mise en œuvre d’une discipline en matière de gestion des ressources publiques et humaines.