L’homme qui a défrayé la chronique en recevant le premier coeur artificiel entièrement autonome au monde, conçu par la société française Carmat le 18 décembre 2013, est décédé dimanche soir , 75 jours après l’intervention.
Une première défaites certes, mais comme tout essai clinique, cette greffe sera sans doute riche en enseignements pour l’amélioration du prototype.
Selon le communiqué de l’hôpital Georges-Pompidou les causes du décès de l’homme de 76 ans ne seront déterminées qu’après l’analyse approfondie des nombreuses données médicales et techniques enregistrées.
L’équipe de soignants souligne « l’importance du soutien apporté par la famille d’où émerge la haute figure du malade lui-même, qui, pleinement conscient de l’enjeu, a, par sa confiance, son courage et sa volonté, apporté une contribution mémorable aux efforts engagés par les médecins pour lutter contre une maladie en pleine évolution.»
En effet, sans sa participation, les « premiers enseignements (…) concernant la sélection du malade, le suivi postopératoire, le traitement et la prévention des difficultés rencontrées » n’auraient pas pu être connus.
Ce prototype date d’il y a près d’un quart de siècle sous l’initiative du Pr Alain Carpentier, concepteur du projet, qui avait déposé en 1988 avec l’Université de Paris Pierre et Marie-Curie le premier brevet sur le cœur artificiel bioprothétique.
Près de 25 ans de recherche se sont écoulés depuis, et cette technologie a enfin vu le jour le 18 décembre 2013 , par l’implantation d’un coeur artificiel réalisée par l’équipe du professeur Christian Latrémouille à l’Hôpital européen Georges-Pompidou. Une date -phare pour les patients en insuffisance cardiaque nécessitant une greffe du cœur, à partir de laquelle tous les espoirs sont permis.
L’appareil que l’on présente comme très prometteur pose néanmoins un problème essentiel de compatibilité. En effet, l’appareil en question pesant près de 900 grammes, soit presque 3 fois plus lourd qu’un cœur humain (300 g), ne peut être transplanté que chez des personnes corpulentes. De plus, les concepteurs de l’appareil annoncent qu’il est compatible avec 70% des thorax des hommes et seulement 25% de ceux des femmes.
Ce décès nous rappelle la première transplantation cardiaque de l’histoire réalisée en 1967, par le professeur sud-africain Christiaan Barnard. Son patient, Louis Washkansky, décéda 18 jours plus tard d’une pneumonie.
Sans cette prise de risque à l’époque, des milliers de personnes (3 500 dans le monde) n’auraient jamais été sauvées, depuis, tous les ans.