La diversification des produits touristiques et des changements de stratégie de vente est plus que jamais nécessaires pour promouvoir la destination Tunisie. Pour sortir des sentiers battus, Karim Loukil, un jeune créateur et concepteur tunisien d’un nouveau projet baptisé « les hôtels couleurs locales » vient de proposer aux hôteliers tunisiens une nouvelle stratégie pour se différencier. Ce nouveau produit proposé incitera, sans aucun doute, les touristes, locaux et étrangers, à privilégier les produits touristiques tunisiens. Comment ?
C’est un tourisme différent, lancé fin 2013 à Djerba : le nouveau concept s’inscrit dans le cadre de la promotion du tourisme culturel tunisien en vue d’ améliorer la rentabilité des unités hôtelières situées notamment dans le Sud tunisien.
Ce projet est né du constat simple que très et trop peu de visiteurs en Tunisie repartent avec le sentiment d’avoir perçu toutes les richesses et la diversité de l’identité tunisienne.
Plusieurs équipes ont décidé de lancer un projet ambitieux basé sur la découverte du secret le mieux gardé de notre formidable pays, à savoir son patrimoine.
Cela passe par la reprise d’unités hôtelières en difficulté à travers le pays et leur transformation en y introduisant tous les ingrédients qui font la Tunisie d’hier et d’aujourd’hui, et ce, dans tout ce qui a trait à sa culture rapportée au tourisme.
Bien entendu les unités hôtelières doivent être à taille humaine afin de maximiser les chances de transmettre toute la profondeur des expériences olfactives, sonores et visuelles du pays connu pour son hospitalité.
Outre un hébergement faisant la part belle aux ingrédients contemporains, des espaces spécialement dédiés à l’art et l’artisanat modernes comme traditionnels sont aménagés et accessibles à discrétion. La part belle est également faite à une cuisine malheureusement trop méconnue, qui reprend tous les codes et les éléments qui font le succès d’une expérience gustative très variée empreinte des aspects multiculturels et multiconfessionnels de la Tunisie.
Les réalisateurs de ce nouveau concept ont mis l’accent sur l’authenticité à travers les activités mises en oeuvre à l’hôtel (bains traditionnels, ateliers culturels…) ou encore des excursions hors des sentiers battus.
Bien entendu, ils ont pour ambition de ne pas limiter le développement des hôtels « couleurs locales » aux seules frontières de la Tunisie et d’en faire un outil de promotion, de diffusion et de rayonnement de la culture et de l’identité tunisienne si unique et si singulière.
Dans ce projet, le voyageur doit être l’acteur central de ses vacances et des expériences et rencontres et la somme de ce que les concepteurs du projet lui proposent dans leurs hôtels et des expériences et rencontres qu’il expérimentera de lui-même feront la réussite de son séjour car comme le disait si bien un écrivain lui-même inlassable voyageur « on ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux ».
L’Economiste Maghrébin a été récemment l’invité de l’un des hôtels de l’Ile de Djerba qui ont parfaitement adopté ce nouveau concept. A notre arrivé à l’aéroport, des véhicules adaptés 4×4 pilotés par des chauffeurs habillés localement sans trop de folklore ont assuré notre transfert à l’hôtel.
A l’arrivée à l’hôtel, décoré de manière agréable dans le respect des touches locales, l’accueil était aux couleurs locales. Tout donnait l’impression d’une perfection de l’originalité du lieu (fer forgé et rideaux tissu locaux…). La réceptionniste nous a commandé un thé à la menthe et un gâteau sec sucré. Les coins du lieu, au style salon oriental, diffusaient d’agréables senteurs (orange, jasmin et musc) et une musique d’ambiance « djerbienne ».
Ces prestations d’arrivée n’étaient qu’une partie de la surprise qui nous attendait. Les espaces, dominés par des décorations végétales, étaient aménagés et entretenus pour notre total confort.
A l’intérieur, des chambres familiales ont toutes un balcon avec vue sur mer et les jardins offrent le confort d’un hôtel de luxe. A l’entrée de notre chambre, chaleureuse et simple, revêtue de « fouta » d’artisanat local, celle-ci était bien équipée avec Internet haut débit. Impossible de ne pas se sentir chez soi !
Pour découvrir la cuisine locale et les spécialités de la région, le déjeuner était programmé dans un restaurant au bord de la piscine de l’hôtel, réservé aussi bien pour les déjeuners que pour les dîners, entourée par des chaises longues avec matelas aux couleurs chaudes.
Dans une ambiance familiale, les buffets étaient bien soignés et mis dans des bacs en terre cuite. Les sets sont fabriqués de fibre réutilisable. A côté de chaque buffet il y avait des signalétiques (en français et en arabe) pour identifier tous les plats.
Juste à côté du restaurant, Un Berber Lounge bar, le bar principal, est équipé d’une décoration locale avec des assises confortables et mobiles pour permettre les regroupements (des poufs et des tables basses). Orchestrés par un Barman de bon niveau, les serveurs, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, souriants, présentaient des plats et des « Kemia » d’excellente qualité (grillades, bricks, pizzas, feuilletés…).
Des excursions exclusives pour découvrir les alentours et des expositions hebdomadaires d’artistes locaux et étrangers sont aussi programmées.
La conjoncture est certes difficile, mais ce changement d’approche et de méthode de travail a besoin de soutien et d’encouragements. Il motiverait les professionnels pour assurer un avenir meilleur au tourisme tunisien.
Tourisme et couleur locale, l’équation tient la route pour peu qu’on y croie…Marre des hôtels avec marbre jusqu’au plafond et impression d’évoluer dans une salle de bain !
Tout à fait d’accord, pourquoi nos hôtels ne s’imprègnent-ils pas de l’environnement local? A cause de la globalisation rampante, bien entendu.