En forte augmentation, l’épidémie mondiale d’obésité infantile est devenue un problème majeur de santé publique, et s’impose même comme un des plus grands défis du 21e siècle. Ses conséquences sur la santé des enfants sont de plus en plus documentées. Pourtant, ses effets sur la santé cognitive sont restés jusqu’à présent mal connus. Un lien entre l’obésité infantile et la santé cognitive a récemment été mis en évidence par des scientifiques de l’Université de l’Illinois, montrant que l’obésité chez l’enfant ralentissait les réponses cérébrales.
Cette étude publiée dans la revue Cerebral Cortex a examiné la relation entre l’obésité et le contrôle cognitif, en se basant sur des mesures neuroélectriques et comportementales chez un groupe de 74 enfants préadolescents, la moitié d’entre eux ayant un poids normal et l’autre souffrant d’obésité.
Durant l’expérience, les enfants des deux groupes visionnaient sur un écran un banc de poissons. Les enfants devaient indiquer la direction des poissons, dont certains n’allaient pas dans la même direction que le groupe principal.
Les résultats ont révélé que les enfants obèses présentaient un temps de réaction ( RT ) plus long par rapport aux enfants de poids normal lorsqu’il s’agissait de détecter l’erreur (de direction), ces derniers étant également plus précis dans l’exécution d’une tâche.
Dans un deuxième volet de l’expérience, l’activité électrique impliquant la capacité à moduler le réseau de contrôle cognitif a été évaluée par IRM fonctionnelle. Le Dr Hillman, professeur de kinésiologie à l’Université de l’Illinois, affirme à cet effet : « Nous pouvons mesurer ce que nous appelons la négativité liée à l’erreur (ERN), une activité électrique générée par le cerveau lorsqu’il génère des erreurs. Concrètement, lorsque les enfants font une erreur, l’ERN devrait être plus importante. C’est plus fortement le cas chez les enfants de poids normal qui ont une plus grande capacité à réguler ce processus neuro-électrique sous-jacent à la reconnaissance et l’évaluation de l’erreur » .
On comptait en 2010 dans le monde plus de 42 millions d’enfants en surpoids, ce qui souligne l’urgence d’endiguer ce fléau qui expose les enfants en surpoids et obèses au risque de rester obèses une fois adultes, et de contracter à l’âge adulte des maladies évitables telles que :
- les maladies cardiovasculaires (surtout cardiopathies et accidents vasculaires cérébraux);
- le diabète;
- certains troubles musculo-squelettiques, surtout l’ostéoarthrite;
- certains types de cancer (de l’endomètre, du sein et du côlon).
Mais « dans l’immédiat », les conséquences négatives de l’obésité infantile sur le contrôle cognitif étant établies, on peut affirmer que le développement cérébral et la réussite scolaire des enfants reposent bel et bien sur la qualité des aliments que les adultes leur proposent et plus généralement la notion de qualité de vie (alimentation saine, activité sportive) que les adultes leur inculquent.