Lors de la troisième rencontre annuelle du cabinet d’analyses financières AlphaMena, intitulée « Stratégie d’Investissement », l’accent a été mis sur les menaces afférentes au marché boursier tunisien ainsi que sur les opportunités à saisir. Kais Kriaa, président du directoire, a mentionné les trois grands axes à développer dans les six mois à venir, à savoir le potentiel économique, les banques et les actifs de l’Etat.
En dépit de la forte réduction des attentes, le Tunindex a enregistré, à la fin du premier trimestre 2014, une évolution de 30 points par rapport au mois d’octobre 2013, soit 5280 points.
Il s’agit d’un retour d’appétit, mais il reste freiné par la situation économique et celle des banques.
En chiffres, M. Kriaa a indiqué qu’à fin 2013, le marché financier a perdu 3 %, Le taux de croissance a été de l’ordre de 2,6%. Le budget d’Etat 2014 a affiché un gap de 4 milliards de dinars entre les recettes et les dépenses. L’inflation a été toujours proche de 6%. Le taux de chômage a atteint 15,3%, dont 22% des femmes et 32% des jeunes diplômés du supérieur. Le coût de risque des banques a enregistré 11%. Un flux d’acquisitions important a affecté directement la Bourse de Tunis. Un ajustement négatif au niveau des valeurs tunisiennes de -57,3% a été enregistré en janvier 2014, ainsi qu’un taux très élevé de potentiel de bénéfice normatif qui a été de l’ordre de +60%…
Côté banques, elles ont été gravement pénalisées, depuis la révolution, avec une perte de 16%. Cette chute provient essentiellement des banques publiques qui ont perdu, à elles seules, 53%.
Sur la base d’une capitalisation boursière ajustée de 5, 764 milliards dinars, les actions des banques dans la Bourse ont essuyé, sur 4 ans, une perte de 1, 430 milliards de dinars.
Une dégradation inévitable et inquiétante des ROE (rentabilité financière) a été, également, affichée.
La solvabilité des banques tunisiennes a été mise à rude épreuve avec les provisions additionnelles. Donc, les banques devraient recapitaliser plus de 1, 80 milliard dinars vs. 925 millions dinars cumulés sur les six dernières années, notamment pour les banques publiques, et ce, afin de faire face à la relance de la demande.
Contrairement aux banques publiques, Kais Kriaa a dévoilé que la Biat et Attijari Bank sont des bons coups à jouer. Elles sont les meilleures « picks » dans le secteur bancaire, notamment au niveau des provisions additionnelles.
Avec l’absence de « cost cutting plan » (plan de réduction des coûts) et un coût de risque élevé, la croissance des banques semble médiocre.
Quant aux actifs de l’Etat, le capital global d’un portefeuille composé de 14 entreprises publiques, a été de l’ordre de 1,75 milliard de dinars avec un revenu cumulé de 2, 966 milliards DT.
Avec une perte de 32%, depuis la révolution, la taille de ce portefeuille reste peu représentative face à un marché globalement stable.
Pour faire face à cette situation économique difficile, M. Kriaa a recommandé de trouver, le plus tôt possible, des solutions précises et fiables. Il faut, selon ses dires, envisager des cessions efficaces et des fusions entre différents organes, la mise en place d’un nouveau mode de gouvernance, le lancement des plans de restructuration et de recapitalisation…