Les derniers sondages d’intention de vote ont dit leur mot : 46,8% des personnes interrogées et ayant manifesté leur choix voteront Nidaa Tounes. 35,4% ont choisi Ennahdha. Ces deux partis sont talonnés par le Front populaire : 5,1%, puis du CPR : 2,6%. Ettakatol occupe la 5em place : 1,8%, suivi par Al Joumhouri : 1,6%. Pour l’ensemble des autres partis, ils se positionnent avec des scores inférieurs à 1% (sondage Sigma Conseil, avril 2014).
Les états majors politiques se sont mobilisés en vue de préparer leur participation aux élections. Nidaa Tounes entend s’imposer comme la première force politique. L’enjeu est de taille pour faire valoir sa crédibilité en tant que force d’alternance. Difficulté actuelle et crainte de rivalités, de concurrence entre des dirigeants de différentes identités et sensibilités (nationalistes, républicains, syndicalistes, gauche). Mais le temps des postures des dirigeants de différentes identités passera, vraisemblablement, une fois la campagne électorale engagée. L’objectif commun devrait être mieux assumé et plus partagé.
De son côté, Ennahdha multiplie les discours, assurant sa conviction d’arriver en tête. Certes les années durant lesquelles la Troïka était aux affaires se sont soldées par un désastre : développement de l’insécurité, absence de vision économique et sociale et mainmise d’un parti sur l’Etat. Son engagement, fût-il tardif, au dialogue national et son retrait en conséquence du gouvernement, pourraient lui permettre de restaurer son crédit et de lui assurer une nouvelle rampe de lancement, dans sa nouvelle mise en scène, comme parti tout court, prenant ses distances avec son aile radicale. Mais peut-il faire abstraction de la puissance matrice de son discours fondateur?
Le Front populaire, dont l’avancée est évidente, espère un sursaut de mobilisation. Sa proximité politique, sinon idéologique, avec Nidaa Tounes, l’érige en allié éventuel. Ettakattol et le CPR espèrent enrayer l’hémorragie. Ils comptent, à cet effet, sur l’exclusion, comme amulette salutaire. Profitant de leurs charges, les présidents de la République et de l’Assemblée Constituante se sont de fait déjà engagés dans la campagne, profitant des situations acquises. AL-Joumhouri semble en quête d’alliances de circonstance. Crainte de la société civile et de l’avant-garde démocrate, les réflexes politiciens et les arrangements d’appareil pourraient aboutir à une alliance conjoncturelle contre nature avec Ennahdha. Or leurs électeurs leur demandent de ne pas changer de cap. D’ailleurs, le brouillage des pistes et l’amateurisme et/ou le dogmatisme de certains dirigeants pourraient occulter la définition d’un projet et la réflexion sur la Tunisie de demain.
Le pire est que la plupart des électeurs n’ont pas encore défini leur choix électoral. L’abstention qui en découlerait serait une sanction des classes populaires contre les principales formations politiques. On leur reproche de ne pas répondre aux attentes sociales et aux cahiers des doléances de la révolution.