Quel sera le coût de l’échec de l’actuel gouvernement ? À cette question l’universitaire et économiste tunisien Moez Laabidi a répondu sur les colonnes de l’Economiste Maghrébin (N°629), actuellement en vente dans les kiosques. Il a émis l’hypothèse des retombées de l’échec éventuel du gouvernement au niveau politique et économique.
Aujourd’hui, la Tunisie a besoin de réformes sérieuses, et non de replâtrage hâtif et partiel. Elle a besoin d’un gouvernement courageux pour lancer les réformes les plus audacieuses (compensation, fiscalité, secteur financier, caisses sociales, système éducatif, transport public,…) et non d’un gouvernement incapable d’affronter le banditisme des circuits de distributions, formels et informels. Il n’est jamais trop tard. Le gouvernement de M. Jomaa a toujours des chances pour réussir son pari. Par la fermeté et non par l’hésitation. L’actuel gouvernement n’a pas droit à l’échec.
Politiquement, son échec serait une déception pour tous ceux qui espéraient une rénovation de la classe dirigeante tunisienne. Du coup, ça va amener « nos têtes pensantes » à revisiter le grenier pour y glaner quelques dinosaures pour diriger notre Tunisie moderne ! Bonjour la révolution des jeunes !
Economiquement, son échec serait synonyme de blocage des réformes pour une longue période et d’un glissement vers l’impasse financière et la version la plus hard de l’austérité. Une austérité qui serait plus déflationniste qu’inflationniste. Dans ce cas, tous ceux qui misent sur l’échec de l’actuel gouvernement pour opérer un « window dressing » du bilan de la troïka, afin de la rendre plus présentable lors des prochaines échéances électorales, et tous ceux qui ont perdu leur langue pour dénoncer les sit-in sauvages dans le bassin minier ou ailleurs, par de simples calculs politiques, pourront se réjouir demain du taux de remplissage de leurs salles de réunions. Ils seront certainement bien applaudis par une armée de chômeurs et de nostalgiques de l’ancien régime.