« Nous sommes un gouvernement d’action pas de communication, un gouvernement de l’audace et un gouvernement du consensus ». Ainsi a défini, hier à Carthage, lors d’une intervention à l’ouverture de la réunion préparatoire du congrès économique national prévu le 28 mai prochain, le chef du gouvernement Mehdi Jomaa, son cabinet. Soit, une telle approche est on ne peut plus pragmatique d’autant plus que le temps qui lui est imparti est limité. Déjà ce n’est que le 28 mai que le congrès national sur l’économie se tiendra. Cinq mois après. Ce qui veut dire que pour l’année en cours il ne faut pas trop rêver. Quelle croissance allons réaliser durant les quelques mois qui restent ? Des mois de « tout repos » avec juin et les examens, juillet et le ramadhan, août les vacances, septembre la rentrée scolaire… C’est que M. Jomaa a fait le choix, difficile il est vrai, de s’attaquer aux problèmes structurels de l’économie du pays. Le plus important pour lui demeure la relance de la machine économique, dans la transparence, le dialogue et le partage des informations sur la situation réelle de l’économie du pays.
En attendant des mesures rapides vont être prises pour relancer l’investissement. En attendant on fait ce qu’on peut pour mobiliser les moyens financiers qui font défaut afin de renflouer un tant soit peu les caisses presque vides de l’Etat. En attendant on compte beaucoup sur la réussite de la saison touristique…Attendons donc voir…car entre-temps il s’agit aussi d’appliquer la feuille de route du quartet et de préparer l’environnement adéquat à la réussite des élections qui devraient en principe se tenir avant la fin de l’année en cours. Une feuille de route qui exige l’assainissement de la situation politique et sécuritaire. Assainissement lui-même préalable à la réussite de la saison touristique et également à la reprise de l’investissement tant intérieur qu’étranger. Tout est lié, les bœufs, la charrue… peu importe, l’essentiel étant cette volonté politique et cette détermination à asseoir l’autorité de l’Etat et à appliquer la loi, rien que la loi mais fermement, sans tergiversations ni lenteurs.
La menace terroriste est là agissante et persistante. Les forces armées et de sécurité ont certes réussi à frapper fort, mais le peu d’expérience que nous avons en la matière nous a appris que le facteur temps compte pour beaucoup. Si on avait opté dès le début pour la même stratégie au Jebel Chaambi, on n’aurait pas perdu tant de vaillants soldats et donné plus de possibilités aux terroristes de s’y installer. L’audace, la rigueur, des messages clairs à envoyer à tous ceux qui veulent attenter à la République. Ansar Charia a été en principe déclarée organisation terroriste. Et pourtant nombre de ses adeptes continuent à défier l’autorité de l’Etat à visage découvert, un peu partout dans le pays. Le refus déclaré, public et arrogant de certains extrémistes de libérer les mosquées qu’ils avaient occupées et transformées en lieu de propagande et de mobilisation terroristes est là pour le prouver si besoin est. 40 mosquées seulement ont été assainies en 4 mois… A ce rythme il faudra des années pour expurger nos mosquées. Le pire c’est que le chef du gouvernement reconnaît publiquement qu’une telle opération n’est pas facile à mener. Un message des plus négatifs et un aveu d’échec. La loi, rien que la loi et de l’audace, voilà ce qu’il faut sinon la menace continuera à peser non seulement sur les élections mais aussi sur la saison touristique, les investissements….Même chose pour les ligues dites de protection de la révolution qui poursuivent dans l’impunité la plus totale « leurs activités partisanes » allant jusqu’à imposer leur loi sur des réunions publiques, sur des lieux, des quartiers et des régions entières…Idem pour la révision des nominations partisanes dans l’administration publique qui se fait au compte-gouttes…
A ce rythme et avec cette absence flagrante de rigueur arrivera-t-on réellement en si peu de temps, d’ici fin décembre, à instaurer un climat général adéquat à même de contribuer à la réussite des élections ? A la lumière des résultats atteints jusqu’à présent on est en droit d’en douter….
Et c’est pourquoi nous demandons au gouvernement d’être effectivement un gouvernement d’action et d’audace comme l’a relevé Mehdi Jomma hier à Carthage. L’autorité de l’Etat messieurs ne se discute pas, elle s’impose.
**************************
PS : Le plus grand mépris, c’est l’indifférence : A la place du chef du gouvernement je n’aurais pas autorisé Mme Karboul, ministre du Tourisme, à aller répondre aux questions des députés qui ont demandé de l’auditionner, et ce, au moins pour deux raisons. D’abord parce que lorsqu’ ils étaient au pouvoir, durant les deux gouvernements Jebali et Laarayedh, le pèlerinage d’El Ghriba avait eu lieu dans les mêmes conditions et pourtant ils n’avaient pas manifesté la moindre opposition ni demandé la moindre explication. Ensuite et c’est le comble de l’hypocrisie, ces mêmes députés ou la majorité d’entre eux représentant la majorité à l’ANC, avaient refusé d’inclure dans la Constitution un article qui incrimine la normalisation avec Israël.
C’est tout dire. C’est tellement flagrant qu’il vaut mieux les ignorer. Le plus grand mépris messieurs c’est l’indifférence.