Parce qu’aucun travailleur n’est à l’abri d’un accident ou d’une maladie liée à l’accomplissement de son devoir, la « Journée mondiale pour la sécurité et la santé au travail » est célébrée le 28 avril depuis 2003, à l’initiative du BIT (Bureau International du Travail), rendant hommage aux victimes des accidents et maladies du travail et mettant l’accent sur la prévention, avec pour objectif de promouvoir la « culture de la sécurité ».
Il est bien évident que les risques ne sont pas les mêmes pour tous les métiers, mais il existe bien un mal qui n’épargne aucune profession qui soit, qui prend de plus en plus de l’ampleur dans notre société moderne, et est très étroitement lié au stress : c’est le burn-out dont l’équivalent français est l’épuisement professionnel.
Le burn-out, ou épuisement professionnel, selon l’Organisation mondiale de la Santé ( OMS ), se caractérise par « un sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et d’incapacité à aboutir à des résultats concrets au travail », et s’exprime selon plusieurs groupes de symptômes qui « gagnent du terrain » de manière très progressive, à savoir :
- L’épuisement physique : perte d’énergie pour le travail, fatigue chronique, plaintes du genre maux de tête, douleur de dos, d’oppression thoracique, de douleurs abdominales, sur lesquelles il est difficile de poser un diagnostic ;
- L’épuisement émotionnel : démotivation, ennui, frustration, autodépréciation, découragement, colère, crise de larmes, irritabilité, susceptibilité, impatience, agressivité ;
- Epuisement intellectuel : troubles de la concentration et de la mémoire, désorganisation, diminution du rendement, perte du sens des priorités, prise de décisions erronées ;
- Troubles comportementaux : perte du sens de l’empathie, déshumanisation des relations au travail, isolement, abus de substances toxiques (alcool, stimulants …).
Le Dr. Sonia Lupien, du Centre d’études sur le stress humain (CESH) de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal, explique « l’effet boule de neige » très caractéristique du burn-out. « Si une même situation revient constamment me stresser, je peux m’y habituer. Je m’habitue, par exemple, à ce qu’un collègue dévalorise mon travail en réunion chaque mardi. Cependant, le prix à payer est très grand : le cerveau et le corps deviennent trois fois plus réactifs à tout autre élément de stress. Cela explique les colères spontanées qui surviennent ailleurs, au travail ou à la maison. »
Parce qu’il s’agit d’un épuisement lié plus spécifiquement au travail, qui survient après un investissement professionnel excessif, il existe plus d’une manière de le prévenir. Elle s’effectue essentiellement sur le plan personnel, mais aussi au niveau des organismes professionnels.
Christina Maslach, psychologue américaine spécialisée dans les domaines de l’épuisement et le stress au travail, souligne l’importance d’apprendre des habiletés personnelles et relationnelles, afin de se sentir maître de soi. Il n’y a donc pas de baguette magique, juste des attitudes de prévention simples à adopter : prendre des mesures pour casser la routine, et faire en sorte que le quotidien soit moins pesant (s’allouer des périodes de repos, avoir une vie à soi en dehors du travail, « marquer » une transition entre le travail et la maison), se fixer des objectifs professionnels réalistes, prendre moins à cœur les remarques et critiques, de sorte à se libérer de la pression quotidienne du travail.
Le cercle professionnel peut devenir une aide par le biais de la communication entre collègues et par les échanges sur les difficultés rencontrées, voire en faire un support social (se rendre des services, être présent et empathique à l’autre, reconnaître le bon travail que l’autre a fait). L’implication du travailleur dans la prise de décision à son travail s’avère être un excellent rempart contre l’épuisement professionnel. Pourtant dans les cas où ces mesures n’y changent rien, les spécialistes recommandent d’entreprendre une thérapie ou même de changer d’emploi.
L’équation est donc simple, aucun travail ne mérite que l’on y laisse sa santé, à chacun donc de développer ses méthodes anti burn-out… Pas si évident dans un contexte social où l’on a souvent tendance à oublier que le travail est censé être une source d’épanouissement.