Derrière le populaire concours de pronostics sportifs Promosport , passe-temps, plaisir et jeux favoris de 3% des Tunisiens, il existe toute une infrastructure, allant du remplissage du bulletin, son tri, son insertion dans le système informatique des résultats, pour finir par l’annonce des résultats attendus avec impatience. C’est tout un système qui permet d’intégrer le sport le plus populaire en Tunisie, le football, au circuit économique.
Mais voila que récemment une péripétie inattendue est venue troubler le bon fonctionnement de ce système rodé de longue date.
« Le problème épineux d’aujourd’hui touche aussi bien au domaine sportif qu’au domaine économique » annonce Zied Essaïs, le PDG de LudWin Group, groupement tunisien constitué de Get Wireless, du Centre national de l’informatique et LudWin Tunisie, lors d’une conférence de presse tenue aujourd’hui pour exposer les détails de ce problème aux journalistes.
Une injustice inexpliquée ?
Oui, c’est ainsi que sont résumés les faits lors de la conférence. L’intervenant en les relatant ne manque pas d’avancer des indices qui interpellent. En effet, selon le PDG de LudWin Group, son groupement d’entreprises a participé à un appel d’offre lancé par la société gérant le Promosport pour le renouvellement de son infrastructure informatique et l’acquisition de services de maintenance. « La situation du service informatique de la société Promosport est déplorable étant donné qu’elle est out of date, que l’entreprises italienne qui assurait la maintenance a résilié son contrat et que les pièces nécessaires aux machines de tri des bulletins de jeux ne sont plus opérationnelles », a-t-il rappelé à son auditoire. Facteur qui rend cet appel d’offres crucial pour la continuité du fonctionnement de la société.
L’appel d’offres lancé, quatre entreprises y ont répondu : deux entreprises nord-américaines, une entreprise grecque et une tunisienne. Suite à la soumission des candidatures, le comité de dépouillement- composé d’un représentant du Premier ministère, un représentant de Promosport, un représentant du ministère de la Jeunesse et du Sport, un représentant du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et des Technologies- a affirmé dans un rapport envoyé à la Commission nationale des marchés publics que l’offre de LudWin Group répond aux vingt-six critères mentionnés dans le cahier des charges, en février 2014. « Tous les éléments techniques, les papiers administratifs, les cautionnements, la démonstration physique devant la commission et l’approbation de la commission de dépouillement sont réunis pour accorder le marché final », déclare M. Essaïs. Mais quelle ne fut pas sa surprise devant la réaction de la Commission nationale des marchés publics qui a ordonné le lancement d’un nouveau appel d’offres, estimant que « le cahier des charges contenait quelques défaillances ».
Malgré son sourire affable, l’amertume perce à travers ses mots : « Supposons que la commission dise vrai. Ce n’est pas notre problème étant donné que nous avons répondu à tous les critères requis », s’est-t-il révolté devant cette « injustice ».
A bien examiner la question sous plusieurs angles, l’observateur se rend compte qu’il s’agit d’une affaire nationale qui ne se limite pas au refus d’un candidat à un appel d’offres.
Tout d’abord, la société Promosport est en situation très difficile à cause des pannes techniques successives de son système informatique. Ainsi, « les techniciens de Promosport fournissent de grands efforts pour travailler avec ce système obsolète depuis deux ans », affirme-t-il. Si cette situation persiste cela pourrait mettre en danger tout un système économique et sportif, puisque l’arrêt du jeu priverait le sport tunisien d’une source de financement majeure. Ensuite, la conception du système d’exploitation et des machines par LudWin Group créera 3000 emplois directs : « Les projets ayant une telle capacité d’embauche ne courent pas les rues à ce que je sache », poursuis le PDG du groupe.
Enfin, les machines proposées par LudWin Group présentent une valeur ajoutée par rapport aux machines existant sur le marché tunisien actuel. « Elles sont conçues pour faciliter la tâche de l’agent dans les points de vente et programmables sur plusieurs jeux, si le client opte pour un jeu autre que le football. Grâce à ce système, le joueur peut même s’inscrire quelques minutes avant le début d’un match », expose-t-il.
Plusieurs facteurs plaident en faveur de la compétence et du professionnalisme de l’entreprise en question et excluent toute supposition d’incompétence. Elle a d’ailleurs remporté cinq certificats de bonne exécution de projets similaires au Gabon, en République Démocratique du Congo, au Rwanda, au Turkménistan et au Burundi. Et en Côte d’Ivoire, elle a signé un contrat avec Lonaci (Loterie nationale de Côte d’Ivoire). Quelles sont donc les raisons de l’annulation de l’appel d’offres pour la deuxième fois ?
M. Essaïs affirme qu’il ne compte pas, pour le moment, recourir, à la justice. « Ce sera notre dernière alternative », dit-t-il fermement.