Pr. Mahmoud Triki, doyen de l’université privée Mediterranean School of Business (MSB), dans une interview exclusive à leconomistemaghrebin.com, braque la lumière sur les rapports étroits entre MSB et les entreprises tunisienne, ses attentes du nouveau ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et des Technologies de l’information et de la communication, les problèmes auxquels il faut s’attaquer en profondeur et les conditions de l’existence d’un partenariat entre enseignement privé et public. Interview.
leconomistemaghrebin.com : Quel genre de rapports MSB entretient-elle avec les entreprises tunisiennes et en quoi le programme d’études répond-t-il aux attentes des chefs d’entreprise et aux nécessités du marché de l’emploi ?
Madmoud Triki :La MSB est une institution fondée par des partenaires universitaires, des professionnels (Avocats, experts-comptables, jeunes dirigeants d’entreprises, …) et des Entreprises et « Business Leaders » qui ont financé le développement d’infrastructures et de programmes conformément aux standards des meilleures Business Schools du monde. Le conseil scientifique de la MSB, principale structure qui définit les programmes, se compose de représentants de tous ces partenaires. De ce fait, les rapports MSB-Entreprises sont structurels et permanents.
Concernant l’adaptation des programmes aux attentes des chefs d’entreprise et aux besoins du marché de l’emploi, l’objectif de la MSB est de préparer des diplômés compétitifs sur le marché international de l’emploi. A cet effet, les programmes diplômants organisés par la MSB sont dispensés en anglais, son corps professoral étant multinational, apportant l’expérience internationale, et le matériel pédagogique comprend, entre autres, des cas présentant des situations vécues par des multinationales.
Par ailleurs, pour établir des liens opérationnels avec l’entreprise et faciliter l’insertion de ses diplômés, la MSB a développé une « Career Office » ou Bureau des carrières qui assure la liaison entre le tissu économique et l’étudiant. Ce bureau gère les stages des étudiants, identifie les besoins des entreprises en compétences, organise des ateliers pour assister les diplômés à la recherche d’emploi, et toute autre activité susceptible de renforcer les liens entre la MSB et les entreprises.
Qu’attendez-vous du nouveau ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique? A quel genre de problèmes doit-il s’attaquer en profondeur ?
Le ministre actuel est rompu à tous les genres d’universités puisqu’il a étudié et enseigné en Tunisie et aux Etats-Unis d’Amérique et a développé des programmes et enseigné en Europe et en Asie.
Le chantier de réforme du système universitaire tunisien est énorme. Espérons que le ministre actuel aura le temps d’apporter des changements profonds et significatifs. Parmi les réformes prioritaires, il y a lieu de citer la décentralisation du système et la responsabilisation des institutions universitaires en matière de développement des programmes, de recrutement et d’évaluation des professeurs, de l’admission des étudiants et de gestion de budgets (recettes et dépenses) de leurs institutions. Vous vous rendez compte que trois ans après la révolution, le système universitaire continue à être géré selon les mêmes modes opératoires (orientation universitaire, programmes qui ne développent pas les compétences requises pour le marché de l’emploi, …) qui sont à l’origine du chômage des diplômés. La situation est très grave. Le système continue à produire chaque année des dizaines de milliers de futurs chômeurs.
A l’heure actuelle, pouvons-nous parler d’un partenariat entre enseignement public et enseignement privé ?
A mon avis, nous devons mettre fin à cette dichotomie public – privé. Les deux systèmes servent la même cause, à savoir la contribution du développement économique et social du pays. La différence réside principalement dans la source de financement. Alors que l’université publique est financée par les deniers de l’Etat, l’université privée l’est par des investisseurs privés soucieux du rentabiliser leurs investissements. Cette différence ainsi que la rigidité du système de gestion des institutions publiques compliquent le montage de partenariats public-privé. La mise en place du statut d’université privée à but non lucratif et l’octroi aux universités publiques d’une flexibilité dans la gestion de leur budget sont de nature à favoriser le développement de partenariats public-privé.
Récemment, un partenariat a été établie entre la MSB et HEC Montréal. Pouvez-vous nous en dire davantage ?
L’accord de partenariat avec HEC Montréal s’inscrit dans la stratégie de la MSB laquelle repose sur le développement d’un network de partenaires de renommée qui partagent les mêmes valeurs d’excellence académique. L’objectif de la MSB est d’offrir à ses partenaires (étudiants et entreprises) une éducation mondialisée (Global Education) pour opérer dans un ordre économique de plus en plus mondialisé.
Bien avant la signature du partenariat avec HEC Montréal, le network de partenaires de la MSB comprend Babson College, leader mondial en entreprenariat, l’Université de la Caroline du Sud, reconnue pour la qualité de ses programmes en commerce international, et les prestigieuses universités du Maryland et du Massachusetts. Cette année, la MSB a entamé l’extension de son réseau de partenaires aux universités européennes; la première étant Catolica- Lisbonau Portugal et plus récemment IESE à Barcelone. Selon ces accords de partenariat, nos étudiants peuvent transférer à l’une des universités partenaires et faire valoir les cours suivis à la MSB ou faire un semestre d’échange ou encore prendre des cours d’été dans le cadre de leurs études à la MSB et vis-versa.
Selon l’accord MSB – HEC Montréal, les étudiants africains et de la région admis au programme de Baccalauréat d’HEC Montréal effectueront les deux premières années d’études à la MSB et poursuivront leurs études au Canada. Cet accord permet aux étudiants qui y sont inscrits d’avoir une double formation : (1) Entamer leurs programmes universitaires dans un environnement proche du leur et (2) finir leurs études dans un environnement nord-américain pour avoir en fin de parcours le diplôme d’HEC Montréal. Au-delà des considérations économiques, l’étudiant a plus de maturité quand il va au Canada en fin de deuxième année d’études. Cela est de nature à réduire l’impact des chocs culturels à des jeunes qui doivent s’adapter à un milieu universitaire totalement différent de celui du secondaire. Pour la MSB, cet accord vient renforcer son network de partenaires. Enfin, pour la Tunisie, il permet de réduire les sorties de devises pour les inscrits tunisiens et d’augmenter les rentrées de devises au pays pour les inscrits non tunisiens qui ont choisi de passer deux années en Tunisie.
Quels sont les projets d’avenir que vous envisagez pour la MSB ?
- Etendre son réseau de partenaires à l’Europe, l’Afrique, l’Amérique Latine et l’Asie
- Contribuer au développement d’une université anglophone selon les mêmes normes de qualité regroupant sur un même campus différentes disciplines de sorte à assurer la polyvalence de ses diplômés. Cette année, la MSB a contribué à la création d’une « institution sœur » qu’est le Mediterranean Institute of Technology–MedTech dont le campus est adjacent à la MSB. Cette proximité permettra de profiter d’une synergie bénéfique aux deux institutions telles que l’organisation de cours en commun aux étudiants de la MSB et de Med Tech et le partage de services communs (Admissions, I.T., entretien, et autres).