Après une longue attente et une succession de contractions politiques, voici que le fameux article 167 relatif à l’exclusion politique a été rejeté suite au vote au sein de la plénière.
Les détails du vote : 108 voix pour, 43 abstentions et 23 voix contre. Ce résultat n’était pas du goût de ceux qui croient encore à la révolution et à ses principes et à ceux qui veulent « du passé effacer les traces ». D’ailleurs rien que de jeter un coup d’œil sur les réactions de plusieurs internautes notamment les jeunes engagés en politique, on se rendra compte qu’ils ont vu leurs espoirs se briser contre la volonté de la bonne majorité des députés.
Rappel des faits : au début, cet article a été proposé le 30 novembre 2012 par cinq partis politiques parmi lesquels on trouve, Le congrès Pour la République (CPR) et mouvement Ennahdha, le parti majoritaire. Au début cet article a été présenté sous forme de «loi d’immunisation de la révolution ». À cet effet, l’observateur averti se rendra compte des nuances entre les deux mots car entre « immunisation » et « exclusion », il existe toute une nuance capable de susciter la polémique. Utiliser le mot immunisation au lieu d’exclusion présente l’article comme un moyen pour projeter la révolution ce qui pourrait permettre à susciter l’adhésion des gens.
Ainsi la scène politique s’est divisée en deux camps : le premier est celui qui prône une épuration des « sbire de Ben Ali et les figures de proue du régime de Ben Ali » et le deuxième préfère recourir à la justice contre tous ceux qui ont commis des infractions et des crimes à l’époque du président déchu .
leconomistemaghrebin.com a recueilli les réactions de trois politiciens suite à au rejet de l’article. Mohamed Hamdi député de Tayyar il Mahaba s’est abstenu. D’après lui, il faut éviter ce genre de problème : « Le pays, à l’heure actuelle, ne supportera pas ce genre de problèmes si la loi aurait été adoptée » avance-t-il. Pour lui il faut faire confiance au peuple : « Uniquement le peuple a le droit d’exclure lors des élections présidentielles ». Pour ce député, suivre le chemin de la révolution bolchévique ou la révolution française où les figures de proue du régime monarchique ont été décapitées n’est pas le scénario souhaité pour la période transitoire en Tunisie qui a besoin de consensus entre toutes ses composantes.
Lazhar Akremi, le porte-parole de Nidaa Tounes s’est réjouit de ce résultat attendu pour lui. « Déjà, l’Anc s’est arrogé un pouvoir qui dépasse ses prérogatives » expose-t-il. À son avis priver les citoyens de leurs droits politiques ne relève pas de la compétence ni des prérogatives de l’Assemblée nationale constituante. « C’est la tâche des tribunaux, dans le cadre d’un procès équitable » dit-t-il avant de s’inquiéter du nombre considérable de députés qui ont voté pour l’adoption de l’article. « La non-adoption de cet article était attendu. C’est une fin logique pour moi ». dit-il
Farouche défenseuse de cet article, Samia Abbou, députée du Courant démocratique nous a fait part de son amertume du rejet de l’article : « Je pense que le rejet de l’article vient sur fond d’accord entre le leader du mouvement Ennahdha Rached Ghannouchi et le leader de Nidaa Tounes depuis leur rencontre à Paris ». Elle affirme aussi qu’elle s’y attendait : « pourtant lors du vote j’ai, quand même gardé l’espoir de l’adoption de l’article mais en vain. » continue-t-elle.