Le regard du monde sur l’Afrique change. Le continent africain est aujourd’hui synonyme de croissance et d’opportunités. Comment la Tunisie peut-elle coopérer de manière globale avec l’Afrique ? Tel était le thème d’un dîner-débat organisé par l’Economiste Maghrébin à la veille de son 16e Forum international qui se tient aujourd’hui à Tunis sur le thème « Tunisie – Afrique : Le continent comme horizon ».
Ouvrant les débats, M.Hédi Mechri, directeur général de l’Economiste Maghrébin a indiqué dans son allocution de bienvenue que dans l’état actuel de l’économie tunisienne, plus de coopération et de partenariat avec l’Afrique relève d’une impérieuse nécessité.
Toutefois, M. Mechri a reconnu que la concrétisation de cette coopération soulève un certain nombre de problèmes et exige des préalables : « La voie n’est pas tout à fait balisée en raison de la persistance d’obstacles liés à la logistique, au transport, à la législation sur le travail et le système de change, à la représentation diplomatique et commerciale et à l’appui financier et fiscal de l’Etat », a-t-il précisé.
La réponse à ces problématiques a été au centre des débats qui se sont focalisés sur les modalités de mise en oeuvre de cette coopération Tunisie – Afrique.
Pour débattre de toutes ces questions, l’Economiste Maghrébin a invité à son Forum Chiheb Ben Ahmed, ministre tunisien du Transport, Lassaâd Lachaâl, ministre tunisien de l’Agriculture, Mme Laura Baeza, Ambassadrice de la Délégation de l’Union européenne en Tunisie et bien d’autres personnalités (banquiers, diplomates, syndicalistes, universitaires, chefs d’entreprise, journalistes…).
La Tunisie, un pont entre l’Europe et l’Afrique
Présentant la vision de l’Union européenne à l’égard du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne, Mme Laura Baeza a indiqué que l’Afrique, avec ses taux de croissance impressionnants, doit prendre toute sa place dans le monde globalisé.
Abordant l’importance de la dimension maghrébine dans la coopération Europe-Afrique, Mme Baeza a affirmé que le Maghreb reste l’une des régions les moins intégrées au monde. Et d’ajouter que l’Union européenne entend prendre ses responsabilités en tant qu’acteur global dans son proche voisinage en mobilisant ses ressources, ses méthodes et son expertise.
Dans ce contexte, Mme Laura Baeza a annoncé que l’Union européenne entend actuellement appuyer les réunions sectorielles entre hommes d’affaires africains et organiser des rencontres B2B.
Pour Mme Laura Baeza, la Tunisie est un pays très « friendly » où tous les Maghrébins sont réunis. Elle n’a pas manqué d’évoquer le positionnement de la Tunisie dans le contexte africain. « Dépositaire d’une triple identité méditerranéenne, maghrébine et africaine, la Tunisie devrait adopter une politique dynamique en Afrique. Elle est aujourd’hui en mesure de prendre pleinement la place qui lui revient de droit, celle d’un pont entre l’Europe et l’Afrique », a-t-elle affirmé.
S’appuyant sur une présentation chiffrée des atouts du continent africain, Chiheb Ben Ahmed, ministre du Transport, a reconnu les obstacles logistiques qui existent entre la Tunisie et l’Afrique. Le ministre a affirmé la nécessité de contourner ces obstacles et d’engager une stratégie de conquête de l’Afrique.
Il a, dans ce contexte, invité les principaux acteurs à réfléchir sur une stratégie articulée sur trois principes, à savoir l’internationalisation et la prospection, l’observation de l’urbanisation en Afrique et la collecte de l’information.
« La Tunisie doit développer, à travers sa diplomatie économique, l’art du business intelligence, condition sine qua non du succès », a-t-expliqué.
Interpellé sur la présence de Tunisair en Afrique, le ministre du Transport a indiqué que cette présence reste faible.
Intervenant aux débats, Mansour Moaâlla, ancien ministre, a fait savoir que par rapport à la Tunisie, le Maroc est en avance, et ce, à travers la présence de son secteur bancaire. « Il y a un mal dans le secteur bancaire tunisien », a-t-il constaté.
Pour Tarek Chérif, président de la Confédération des entreprises citoyennes tunisiennes (Conect), le coût du transport et de la logistique reste élevé pour les entreprises exportatrices .
« Nous manquons d’ambitions déclarées et partagées », a dit le président de la Conect.
Les débats se sont à la fin focalisés sur les problématiques d’octroi des visas aux hommes d’affaires et étudiants africains en Tunisie, à la lourdeur des procédures administratives et au nombre des représentations diplomatiques tunisiennes dans les pays africains.